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S01E04 - D'Adrien à Judas Morningstar - Transcription


TRANSCRIPTION


Le but de ce site est de rendre le podcast accessible à tous.tes mais principalement aux personnes qui ne peuvent pas accéder pleinement au contenu audio.

Nous avons privilégié une lisibilité optimale et  tenté de respecter au maximum les pronoms alternants en fonction des réponses.


(bref on a fait au mieux)


S01E04 - Judas Morningstar
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La Queenterview - S01E04 - D'Adrien à Judas Morningstar - La Queenterview
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La Queenterview : Tu es quelqu'un qui a la rage. Tu es quelqu'un où il y a beaucoup de choses qui t'énervent.

Judas Morningstar : Oui.

La Queenterview : Et tu peux très rapidement t'énerver.

Judas Morningstar : Oui.

La Queenterview : Tu préfères avoir des perruques qui sont toujours impeccables, que tu n'as pas à coiffer toute ta vie, mais avoir de l'eau chaude qui n'est jamais assez chaude, ou avoir de l'eau chaude tout de suite, toute ta vie, mais devoir coiffer toutes tes perruques qui ne seront jamais bien coiffées ?

Judas Morningstar : Je déteste… mais je déteste quand je transpire parce que c'est super compliqué. Je vais penser à la douche.

La Queenterview : En fait, c’est-à-dire que le temps que tu gagnes à la douche, où ton eau est à la bonne température, tu le perds à coiffer toutes tes perruques.

La Queenterview lance son générique de début.

Judas Morningstar : Je vais rester là-dessus, dans le sens où peut-être qu'un jour je ne ferai plus de Drag, mais que je prendrai quand même des douches.

La Queenterview : Eh bah, work alors.

La Queenterview et Judas Morningstar rient.

La Queenterview : Hello à toustes et bienvenue dans La Queenterview.

La Queenterview, qu'est-ce que c'est ? C'est un podcast d'interviews libres, ouvertes et inclusives qui vous ouvre les portes du monde merveilleux des artistes queers. Drag Queen, Drag King, Drag Queer, Club Kid, plus l'infini et au-delà. Ici, on parle vie de Drag, de vie out of Drag, de construction artistique, de processus créatif. Je suis toujours biiip. D'ailleurs, vraiment, appelez-moi biiip. Bon, et côté curiosité, non, ça ne s'arrange toujours pas. Je suis toujours aussi curieux.

Aujourd'hui, pour ce nouvel épisode de La Queenterview, c'est un épisode délocalisé. Un épisode sur les routes, un épisode au plus proche des préoccupations des Queens de vos régions. Bon, je ne suis pas Bernard de La Villardière non plus, quoique… pas mal comme nom de Drag, « Bavarde de la Villenière ». Pardon chef, j'ai digressé.

Aujourd'hui, nous sommes au pays des volcans dans le centre de la France, où « Queens de caractère » rime avec « Saint-Nectaire ». Nous sommes à Clermont-Ferrand, dans un lieu formidable qui s'appelle « Le Fotomat’ », dans les coulisses de la préparation d'un artiste Drag qui remue la scène queer locale.

Bienvenue pour ta Queenterview, Judas Morningstar !

Judas Morningstar : Bonjour à tous !

La Queenterview : Judas, pour commencer, moi j'aimerais beaucoup m'adresser à Adrien, avant qu'on parle avec Judas Morningstar et qu'on parle de Judas Morningstar. La première question que je vais te poser, c'est quoi tes pronoms, en Drag et out of Drag ?

Judas Morningstar : Alors moi mes pronoms c'est « il » et « iel », parce que je suis une personne non‑binaire. Donc « il » et « iel », ça me va très bien.

La Queenterview : Ok, donc que ce soit en Drag ou out of Drag.

Judas Morningstar : C'est ça, en Drag quand vous me voyez sur scène, et out of Drag quand je vais acheter ma baguette, le matin, dans les rues de Clermont.

La Queenterview : Et tu vas acheter ta baguette le matin dans les rues de Clermont ?

Judas Morningstar : Absolument pas. Absolument pas.

La Queenterview rit.

Judas Morningstar : C'est-à-dire que je travaille dans un endroit où il y a du pain et que je le prends en sortant du travail.

La Queenterview rit.

La Queenterview : Eh bah, très bien.

Adrien… donc là, moi, je suis face à Adrien qui va se transformer, sous vos oreilles ébahies, en Judas. Pour commencer, toi, tu es originaire de Clermont ?

Judas Morningstar : Pas du tout. Pas du tout, pas du tout.

Judas Morningstar : En fait, moi je viens d'un petit coin reculé qui s'appelle « la Savoie »… du coup le 73, dans l'est de la France. Je viens de Chambéry et je suis ici pour mes études depuis 7 ans maintenant.

La Queenterview : Ok, et tu fais quoi comme étude ?

Judas Morningstar : Alors, je suis en Master de Stratégie Digitale en alternance.

La Queenterview : OK, et c'est Drag la stratégie digitale ?

Judas Morningstar : Non, pas du tout. J'aimerais mais non. Non, non, ce n’est pas fun. Enfin, c'est fun, mais ce n’est pas fun en même temps. Mais au moins, mon travail est intéressant puisque je fais mon alternance dans un magasin bio, ce qui est très cool parce que c'est éthique et parce que j'ai des réductions pour manger.

La Queenterview rit aux éclats.

La Queenterview : OK !

Judas Morningstar : Et ça, c'est bien.

La Queenterview : Donc voilà, donc tu n’es pas originaire de Clermont. Tu es originaire de Savoie. C'est quoi ton enfance avant de rencontrer les volcans d'Auvergne ?

Judas Morningstar : J'ai fait toute ma scolarité jusqu’à la Première. Puis après, j'ai rencontré un garçon qui était en Terminale, qui a eu son bac et qui est parti pour la fac à Clermont. Et donc j'ai fait ma dernière année de lycée à Clermont, en habitant avec lui. Et après, j'ai continué mes études.

La Queenterview : OK ! Et du coup, quand tu grandis… tu l'as toujours eue cette fibre artistique ?

Judas Morningstar : Alors oui. Oui, oui, oui. En fait, j'ai beaucoup beaucoup dessiné, beaucoup peint toute mon enfance. Toute mon enfance vraiment, c'est ce que je... Enfin, c'était assez drôle parce que ma petite sœur jouait au foot, allait dehors se battre et s'amuser. Et moi, je restais vraiment coincé à la maison dans ma chambre, où il n'y avait pas beaucoup de lumière parce que je n'aimais pas le soleil. Et je peignais, je dessinais, je faisais de la poterie et des choses comme ça.

La Queenterview : En grandissant, tu sens que l'art et que ton développement créatif est important ou que ça peut être une partie de ta vie ou c'est juste comme ça pour s'occuper ?

Judas Morningstar : À ce moment-là, oui, c'est plus... Enfin, j'étais un ado. Donc forcément, la vie n'était pas évidente tous les jours parce qu'on sait qu'à quel point c'est compliqué pour les ados. Je n'avais pas prévu que ça deviendrait une partie aussi importante parce que je n'avais pas prévu grand-chose. Je n'avais pas prévu de devenir Drag Queen.

La Queenterview rit.

La Queenterview : Ah, ça ne faisait pas partie de ton plan de carrière.

Judas Morningstar : Non, ça n'était vraiment pas dans le plan sur 5 ans. Mon jeune moi serait très surpris de me voir monter sur scène, alors que j'étais très timide.

La Queenterview : C'est vrai ? Tu étais quel genre de petit garçon ?

Judas Morningstar : J'étais petit garçon mais… qu'on ne voyait pas trop parce que je n'étais pas le pitre, en fait. Vraiment, je n'étais pas celui qui faisait des blagues. J'étais vraiment celui qui était assis au fond de la classe, qui bavardait, qui dessinait beaucoup dans les cours, qui du coup… j'étais puni parce que je dessinais et je n'écoutais pas. Je n'étais pas le boute-en-train qui allait se mettre devant la scène, qui allait rigoler avec les autres, qui allait être populaire, quoi.

La Queenterview : OK ! Et en arrivant à Clermont-Ferrand, en arrivant ici, est-ce que tu te sens déjà un peu plus libre ?

Judas Morningstar : Euh, bah… Déjà, oui, parce que j'étais, à peu près, à 300 kilomètres de mes parents. Donc c'est vrai que ça a aidé, dans le sens où je ne devais plus obligatoirement plaire à ce que mes parents voulaient, faire ce que mes parents voulaient, être la personne que mes parents voulaient. Donc c'est vrai que ça m'a donné un petit peu plus de liberté.

Après de là à dire que ça m'a aidé pour tout ce qui était queer, je ne peux pas le dire parce que, à l'époque, je ne savais pas vraiment ce que c'était « être queer ». J'étais juste gay avec mon copain. On habitait dans notre appartement. On avait des plantes et voilà. Enfin, c'était ça. Il n'y avait pas du tout de dynamique queer, ou de dynamique militante, ou de conscience aussi.

La Queenterview : Être gay c’est « avoir des plantes » ?

Judas Morningstar : Probablement. Je pense que oui parce que toutes les...

La Queenterview : Non parce que tu l'as vraiment précisé… Donc je me dis « être gay » c'est « être avec son copain », « avoir des plantes ». Donc, du coup, j'imagine que des couples gays sans plantes doivent peut-être se sentir pas inclus par ce podcast.

Judas Morningstar : Ce n’est pas grave. Écoutez, il y a toujours des gens rejetés, c'est la vie. Mais… Mais non, c'est vrai que c'était une dynamique relativement importante, nos plantes, parce qu'on en avait beaucoup et moi j'aime beaucoup les plantes. Donc c'est pour ça que je l’ai souligné.

La Queenterview : Donc quand tu arrives à Clermont, globalement Clermont, en termes de sorties LGBT, en termes de vie diurne et nocturne, il se passait des choses ?

Judas Morningstar : Bah… Disons que quand je suis arrivé à Clermont, du coup il y a 7 ans, un peu plus peut-être, il n'y avait pas grand-chose à Clermont. Il y avait une boîte qui était... enfin il y avait deux boîtes qui étaient « queers », entre guillemets, qui étaient queer-friendly. Il y avait quelques associations qui n'existent plus aujourd'hui, mais il n’y avait pas… Enfin, Clermont ce n'était pas la ville queer que c'est aujourd'hui.

Je sortais dans des bars ou dans des pubs irlandais. C'est vrai que j'ai fait beaucoup de pubs irlandais parce qu'il y en a énormément à Clermont. Et heureusement parce que c’étaient un peu… C’étaient un peu des endroits où je traînais, où j'ai rencontré d'autres personnes queers avec qui j'ai pu me construire. Et c'est, aujourd'hui encore, des lieux où on peut se permettre d'aller en Drag, où on peut faire des événements Drag.

La Queenterview : Et ça, c'est important.

Judas Morningstar : Ah, mais c'est hyper important. Enfin, je pense qu'une grande victoire dans ma vie, c'est de pouvoir conjuguer mon premier amour des bars Clermontois, du coup, les pubs irlandais, et le Drag et de faire des événements Drag dans les pubsirlandais, là où on n'est pas vraiment attendus.

La Queenterview : Eh bah, félicitations.

Judas Morningstar : Merci.

La Queenterview : Avant de passer à la conversation avec Judas et à savoir qui est… qui est Judas, j'ai toujours mon Assistante Editoriale, mon Assistante de l'extrême, qui m'aide à préparer cette émission. Elle s'appelle Mia. Elle est accompagnée de ses parents. Elle enquête sur les réseaux sociaux de mes invités·e·s. Bon, elle est en vacances, mais elle a quand même des questions. Bonjour Mia !

Mia : Bonjour ! Je m’appelle Mia. Moi, j’ai 4 ans tout court.

La Queenterview : Eh bah Mia, toujours 4 ans tout court. Ça ne passe pas si vite ce que ça, le temps.

Judas Morningstar : Coucou Mia.

La Queenterview : Et donc Mia, quelle est ta première question pour Judas ?

Mia : C’est quoi une Drag Queen ?

La Queenterview : C'est quoi une Drag Queen, Judas ?

Judas Morningstar : Eh bah c'est une question hyper intéressante, Mia. Question qui a beaucoup de réponses et qui n'a pas vraiment de réponse en même temps, aussi. Donc je vais te donner, je pense, ma version de ce qu'est une Drag Queen.

La Queenterview : C'est ce que veut savoir Mia, c'est ta version de ce qu'est une Drag Queen.

Judas Morningstar : Exactement, en fait. Moi je suis une Drag Queen et pour moi une Drag Queen, c'est un artiste qui va performer le genre, du coup, qui va jouer avec les traits masculins, féminins ou tout ce qu'il y a en dehors de ce prisme.

Pour moi une Drag Queen, c'est un artiste qui va donner, qui va faire ressentir des choses à son public à travers la rage, pour moi, par exemple… puisque c'est un sentiment que j'utilise énormément… Et qui va proposer aux gens, qui vont venir la ou lae voir en spectacle, de partir dans un voyage hyper fun, hyper intéressant, hyper triste aussi parfois.

En plus de cette créature du spectacle, cette créature de la nuit, c'est aussi un artiste qui est, en règle générale, très militant, qui va essayer de faire bouger les choses, qui va essayer de secouer l'environnement, qui va essayer de déranger les autres pour pouvoir obtenir des avancées ou pour pouvoir proposer et créer des lieux safes pour les autres.

La Queenterview : Ça a beaucoup de missions du coup, un Artiste Drag, j'ai l'impression.

Judas Morningstar : Ah, mais tout à fait. Il y a… Soyons honnêtes, il n'y a pas beaucoup de Drag qui dorment bien, parce qu'on est tous très très occupés, parce que justement le but du Drag, à mon sens, outre le fait de faire des spectacles pour faire du bien aux autres, pour leur créer un espace safe… Le but du jeu, c'est de bouger les choses et d'aider sa communauté.

Le Drag pour moi, il ne s'arrête pas… et c'est très personnel ce que je vais dire… mais, pour moi, le Drag, il ne s'arrête pas une fois que je me suis démaquillé. Pour moi, le Drag, il est là tous les jours. Pour moi, le Drag, c’est… ça représente mon adelphité. L'adelphité, c'est le partage, la connexion, qu'on a avec la communauté queer, qu'on a avec ses frères et sœurs et des personnes du milieu, dans la communauté queer, et qui fait qu'on se doit de s'aider entre nous. Et pour moi, c'est ça, réellement, l'une des définitions du Drag, et qui fait que c'est un mode de vie. C'est mon mode de vie.

La Queenterview : Eh bah, je pense que Mia aura compris tout ce que tu essaies de dire. Mia, est‑ce que tu as une nouvelle question ?

Mia : Pourquoi tu mets des fausses perruques… des faux cheveux, alors que tu as des cheveux « normals » ?

Judas Morningstar : Certes, j'ai été gâté par la nature avec mes super cheveux blonds bouclés, mais que… Malheureusement, je n'aime pas les laisser pousser trop longs, que ça prend du temps, qu'il y a une période assez longue entre les cheveux courts beaux et les cheveux longs beaux, où en fait c'est moche. Et du coup, c'est assez compliqué de les laisser pousser. Et aussi, j'aime beaucoup mettre des faux cheveux, parce que ça va avec la tenue, ça permet de changer de couleur de cheveux aussi, parce que si je devais me teindre les cheveux à chaque fois...

La Queenterview : Ça serait plus compliqué.

Judas Morningstar : Tout à fait. Et c'est surtout que ça fait partie du personnage et ça permet d'avoir des coiffures assez rocambolesques, assez volumineuses, qui rentrent un peu dans l'imaginaire autour de Judas.

La Queenterview : OK, très bien. Une nouvelle question peut-être, Mia, pour Judas.

Mia : C’est quoi ton métier ?

Judas Morningstar : Alors, spoiler alert, je ne vis pas du Drag. Malheureusement, je n'ai pas cette chance pour le moment. Et donc, en dehors du Drag, en dehors de Judas, Adrien travaille dans un magasin bio où je m'occupe de faire la stratégie digitale. Donc, c'est à dire que je vais, en mots plutôt simple, travailler pour faire en sorte que mon magasin soit connu, que les clients viennent et surtout que les clients reviennent. Donc, il y a tout le moment où je vais aller chercher mes clients, en leur disant que mon magasin est trop trop bien.

La Queenterview : J'imagine parce que ton magasin, il y a une Drag Queen dedans. Forcément, il est trop trop bien.

Judas Morningstar : Alors oui, tout à fait. C'est ce que je dirai à ma patronne quand je demanderai une augmentation.

La Queenterview : Moi, je vais peut-être prolonger un petit peu la question de Mia : tu aimerais que ton métier soit quoi ?

Judas Morningstar : J'aimerais devenir une Drag Queen professionnelle, ce qui est presque le cas parce que je travaille beaucoup, beaucoup, beaucoup.

La Queenterview : J'ai vu qu'on pouvait te… louer tes services sur mariages.net, par exemple.

Judas Morningstar : Mais…

Judas Morningstar rit.

La Queenterview : Bah non, mais…

Judas Morningstar : Mais…

La Queenterview rit aux éclats. D’autres personnes se mettent à rire au fond de la pièce.

Judas Morningstar : Alors, du coup c’est très bien.

La Queenterview : Je suis… Je suis… Je suis… C'est vrai !

Judas Morningstar : Mais oui, mais attends, écoute, business is business. On peut louer mes services sur mariages.net. Moyennant une certaine rémunération, je peux animer vos soirées.

La Queenterview : Quand je te dis ça, c'est à la fois « je plaisante » et en même temps « je ne plaisante pas ». C'est-à-dire que les Drag Queens ont un prix, que les Drag Queens doivent être payées, que les artistes Drag, de manière générale, sont des artistes. Et donc pour pouvoir prolonger leur art et être de plus en plus reconnus et pour avoir des perruques de mieux en mieux, des tenues de mieux en mieux, il faut pouvoir les acheter. Et donc on n'est pas gratuistes.

Judas Morningstar : Ah non, mais c'est exactement ça. Enfin, c’est que… En fait, moi, ce que je fais… J'ai une façon de fonctionner qui est, je pense, semblable à pas mal de Drag.

C'est que je vais aller à la recherche des très très gros contrats où, du coup, je vais être très bien payé… et pas nécessairement pour l'argent. Oui, c'est vrai que ça aide d’être très bien payé sur ces gros contrats, mais c'est que, surtout, être bien payé sur ces gros contrats va me permettre de pouvoir en faire des tout petits, où je ne suis pas du tout payé, mais où je suis très proche de la communauté queer. Du coup, ça va me permettre de pouvoir me déplacer ailleurs, de faire ça gratuitement ou moyennant le prix du trajet, justement parce que j'ai ces gros contrats derrière.

Et c'est vrai que oui, non, c'est une chose hyper importante de se dire que si vous voulez des Drag Queens ou des Drag kings ou des Drag Queers ou des créatures Drag, peu importe quel artiste Drag, il faut se dire qu'il y a un budget. Il faut les payer vraiment et, non, un plateau-repas n'est pas un salaire. Et généralement ça reflète le trajet, l'aller et le retour, l'hôtel, si jamais il n'y a nulle part où dormir, et le repas.

La Queenterview : Les Drag Queens mangent.

Judas Morningstar : Eh, mais, les Drag Queens mangent !

La Queenterview : Ça mange. Ça boit. Ça se fait payer.

Judas Morningstar : Tout à fait, comme des travailleurs normaux en fait.

La Queenterview : Ouais, j'ai l'impression.

Judas Morningstar : C'est hyper important et ça c'est un conseil que je donne beaucoup parce que c'est quelque chose qu'on a tendance à oublier… que, non, un peu de visibilité dans ta story où, même si tu as 50.000 abonnés, ça n'est pas un salaire. Et que c'est très très important de payer ces artistes Drags avec de l'argent, de la moula, du cash, tout ça.

La Queenterview : Bon, eh bien, Mia nous a posé des questions très intéressantes et très pertinentes aujourd'hui. Donc merci beaucoup, Mia !

Mia : Au revoir !

Judas Morningstar : Bye bye Mia.

Mia : Gros bisous !

La Queenterview : Gros bisous Mia ! Et merci beaucoup donc à Mia et à ses parents, Alice et Gilles, de lui avoir permis de se poser toutes ces questions.

Adrien, je te propose qu'on passe à Judas. Donc là, là ça y est, on passe du blanc au violet sur les arêtes du nez. Si je pouvais faire une description, un peu comme si on était en train de regarder un match de foot à la radio… mais, sauf que là, on est sur des arêtes du nez violets. On est clairement sur des arêtes du nez violets ou violettes.

Donc, comme tu es en train de te transformer en Judas, déjà, la première question c'est : comment tu as découvert l'art du Drag ?

Judas Morningstar : Déjà, j'ai de la chance que ma mère est très très ouverte d'esprit et que fatalement, des Drag Queens ou des artistes Drags, j'en ai vu toute ma vie à travers la télévision, à travers des expositions, à travers des documentaires. J'ai toujours su à peu près ce qu'était une Drag Queen. Pas autant que maintenant, mais j'ai toujours su à peu près ce qu'était un artiste Drag. Donc j'ai cet avantage‑là.

Et ensuite, en fait, peu de temps après que j'ai emménagé à Clermont, j'ai eu la chance de rencontrer la seule Drag, à l'époque, de Clermont Ferrand, qui ne fait plus Drag à Clermont d'ailleurs, qui s'appelle Nymphéa Morningstar ; qui, spoiler alert pour la suite de l'histoire, est ma mère Drag.

Un son manifestant la surprise se fait entendre.

Judas Morningstar : On faisait des soirées. On buvait des verres ensemble et je la voyais se maquiller, se préparer en Drag, et sortir en Drag. Et je voyais tout le tumulte que ça créait autour d'elle en boîte de nuit. J'ai trouvé ça hyper intéressant. C'était beau, c'était vraiment très beau. C'était une ambiance différente qui m'a donné beaucoup envie de tenter l'expérience.

La Queenterview : Tu parlais de ta mère Drag. C'est quoi une mère Drag ?

Judas Morningstar : Je pense que l'autre terme qu'on pourrait utiliser c'est « mentor ». C'est un mentor. C'est quelqu'un qui va t'apprendre beaucoup de codes du Drag, qui va te présenter d'autres Drags, qui va t'apprendre l'Histoire du Drag, qui va t'apprendre comment est-ce qu’il faut évoluer dans la société « Drag », entre guillemets et… qui va vraiment te lancer. Une mère Drag, ce n’est pas nécessaire, ce n’est pas obligatoire, mais ça aide pas mal.

La Queenterview : C'est quelqu'un… c'est un peu comme une mère dans la vraie vie, comme un parent qui est censé t'amener vers le haut, te tirer vers le haut, t'apprendre, t'inculquer, t'apprendre les codes de la bonne société Dragqueenesque.

Judas Morningstar : C'est exactement ça. C'est exactement ça. C'est pour ça qu'on appelle ça « les mères ». Après, y a un côté tout… derrière le terme « mère » ou « père » Drag, il y a un côté historique. Pendant les années SIDA, par exemple, c’étaient les personnes qui t'accueillaient chez eux et qui prenaient soin de toi, qui te donnaient à manger.

Généralement, c’étaient les aînés qui t'inculquaient beaucoup de choses par rapport à ta communauté, mais qui faisaient aussi beaucoup de prévention sexuelle, prévention contre les maladies sexuellement transmissibles et qui te donnaient de l'amour, mais surtout qui te donnaient à manger, qui te donnaient un toit, qui te permettaient de te laver, enfin… de survivre en fait.

Et heureusement parce que, par exemple, pendant un moment ma vie j'étais très très pauvre, je me suis retrouvé à la rue et en fait, du coup, cette Drag nous a beaucoup, enfin moi, Lilith et Leny, mon conjoint, nous a beaucoup nourri, nous a donné à manger, a fait des courses pour nous, a toujours été là pour nous. Et c'est hyper important de... Enfin aujourd'hui je n’en serais pas là, si elle n'avait pas été là. C'est sûr et certain. C'était un moment émotion.

La Queenterview : Bah, non, mais c’est important de le dire.

Judas Morningstar : Ah oui, mais je ne la remercierai jamais assez, mais je lui dis de temps en temps, quand on ne se shade pas, parce que c'est un peu la marque de fabrique des Morningstar, se shader.

La Queenterview joue le générique de Motus.

La Queenterview : C’est quoi le shade ? Le « chade » ?

Judas Morningstar : L’ombre.

La Queenterview : L’ombre. L'ombrage.

Judas Morningstar rit.

Judas Morningstar : Alors en fait, le shade, c'est grosso modo des petits pics ; des petits pics que tu balances aux gens que tu aimes. C'est des micro-attaques mignonnes, parfois piquantes, enfin parfois très piquantes, mais qui viennent d'un endroit d'amour. Et c'est la façon qu'on a, entre nous, de montrer l'amour qu'on a pour les autres. C'est important de le faire avec les personnes que tu respectes et avec les personnes que tu aimes. Parce que par exemple, si tu le fais avec quelqu'un que tu n'aimes pas, ce n’est pas du shade, c'est de la méchanceté.

La Queenterview joue le générique de Motus.

Judas Morningstar : J'ai demandé à Nymphea de me maquiller le soir de mon anniversaire. Cette photo est classée secret défense puisque personne ne doit la voir. Parce que c'était...

La Queenterview : Je pourrai la voir ?

Judas Morningstar bégaye faussement.

Judas Morningstar : Tu demanderas à Leny. C’est lui qui a les a, les photos.

La Queenterview : Je pourrai la voir Leny ? Merci beaucoup.

Judas Morningstar : C'était vraiment génial. C'était vraiment génial. J'avais l'impression d'être la Drag Queen la plus bonne de Clermont. En effet, nous n'étions que deux. Ce n’était pas compliqué. Et, donc, voilà… et, en fait, ça m’a pas mal plu. Et petit à petit, je me suis lancé dans l'aventure. Je me suis lancé vraiment dedans. Et il y a eu le Covid. Il y a eu le Covid et je me suis trouvé coincé chez moi pendant 2 ans.

La Queenterview : Donc c'est-à-dire qu'au moment où tu commences tes premiers pas autour du Drag, et ceteraBim ! Un coup de coronavirus qui t'empêche dans ta progression.

Judas Morningstar : Alors oui, il y a eu un petit espace de quelques mois, mais oui, c'est ça.

La Queenterview : Ouais, OK.

Judas Morningstar : C'est ça, c'est qu'on avait commencé un peu... Oh mon dieu, Leny vient de ressortir cette photo !

La Queenterview joue une musique angoissante.

La Queenterview : Attends, je peux la voir de plus près, parce que tu es vraiment beaucoup trop loin, Leny ?

Judas Morningstar : Mon amour, tu iras en Enfer. Tu iras en Enfer.

Leny : Merci.

Leny rit, puis prononce des paroles inaudibles.

La Queenterview : Mais non, mais tu vois, au final, Mia nous disait tout à l'heure « pourquoi tu mets des perruques alors que t'as des vrais cheveux » ? Là, clairement, tu as des vrais cheveux et ça marche.

Judas Morningstar : Non.

La Queenterview : On dirait une sorte de Lady Di…

Des rires se font entendre, du fond de la pièce.

La Queenterview : … sur le retour. Mais pas Lady Di, tu vois, c'est peut-être « Lady Neuf ».

Judas Morningstar rit aux éclats.

Judas Morningstar : Écoute, on arrête le podcast. On s’arrête. Je me casse.

La Queenterview : C'est peut-être un chouille moins, mais quand même, c'est quand même un 9 sur 10.

Judas Morningstar : Tu es gentil.

Quelqu’un, en fond : Après le pont, oui.

La Queenterview : Après le pont…

La Queenterview rit grassement.

La Queenterview : … non, c’est horrible !

Oui, parce que pour rappel, nous sommes toujours dans les coulisses de la préparation d'un événement au Fotomat’. Donc nous ne sommes pas seuls dans cette pièce. On entend des bruits de micros, des choses qui se posent, des gens au loin. Nous ne sommes pas seuls. Et donc, grâce au fait que nous ne soyons pas seuls, j'ai pu voir ce à quoi ressemblait Judas la première fois qu’il s’est mis en Drag… « Lady Neuf ».

La musique angoissante prend fin.

Judas Morningstar : Leny, vraiment, tu vas dormir sur le canapé ce soir.

Un bruit de fouet retentit.

La Queenterview : Ça te stoppe complètement dans ta créativité, dans ton envie de devenir Drag ou alors est ce que tu mets ce temps à profit ?

Judas Morningstar : J'ai mis ce temps à profit parce que du coup j'étais enfermé chez moi, parce je travaillais dans la restauration, à l'époque, et que je m'ennuyais beaucoup. Donc j'ai commencé à faire beaucoup de maquillage plutôt artistique ou de créature Drag et à les poster sur Instagram. Et c'est à ce moment-là à peu près que ça m'a permis de commencer vaguement à avoir une espèce de communauté sur les réseaux sociaux où j'ai commencé à avoir pas mal d'abonnés, où j'ai commencé à être, enfin… à être reconnu, à être apprécié. Et c'était super cool. C'est super cool.

Et puis le Covid est « parti », entre guillemets, on s'entend, et donc le monde réel est revenu. Et donc, j'ai dû retourner au travail et donc prendre un peu moins de temps pour le Drag. D'autant plus que je bossais dans la restauration à cette époque-là, donc il n'était pas envisageable à ce moment-là de faire des Drag Shows.

La Queenterview : Comment a commencé ton processus de Drag to be ?

Judas Morningstar : Alors ce qu'il faut savoir c'est que moi ça... Aujourd'hui, je voue un culte aux perruques par exemple, vraiment.

La Queenterview : Un culte aux perruques, c'est-à-dire que tu as un autel avec des perruques, tu allumes des bougies devant : « fais attention ça peut prendre feu ».

Judas Morningstar : Et voilà, on a tous vu la vidéo de la Drag qui prend feu parce qu’elle a mis un ventilateur sur sa perruque.

La Queenterview : Alors je ne l'ai pas vue mais…

Judas Morningstar : Je te la montrerai. Elle est exceptionnelle.

La Queenterview : …regardez-la.

Judas Morningstar : Et en fait non, c'est qu'au tout début de mon Drag, je ne voulais pas entendre parler des perruques. Je ne voulais pas entendre parler des perruques, des faux-cils, des liners, des gros gros… enfin, par exemple des grosses hanches, des collants. J'étais vraiment dans ce côté très réfractaire.

La Queenterview : Par flemme, par combat, par quoi ?

Judas Morningstar rit.

Judas Morningstar : Alors par combat, non.

La Queenterview : Par argent ?

Judas Morningstar : Par argent, peut-être. Mais c'était surtout que j'avais un peu peur de me dire « si tu mets les perruques, ça va commencer à être un peu plus féminin », « du coup, est-ce que ça veut dire que je vais devenir une femme ? ». Tu sais, il y avait vraiment cette histoire, cette histoire de non‑connaissance de ce qui se passe vraiment et de toute la question autour du Drag. À cette époque‑là, je voulais pas du tout explorer le genre. Ça m'intéressait pas du tout. Ce n’était pas pour moi.

La Queenterview : Comment tu as trouvé ton nom, Judas Morningstar ? Et est-ce que ça a tout de suite été ton nom ou est-ce que tu en as exploré d'autres avant de valider et certifier celui-ci avec un cachet de cire ?

Judas Morningstar : J'ai trouvé « Judas » parce que je suis un petit pédé basique, que j'adore Lady Gaga et que « Judas » était, pendant très longtemps, ma chanson préférée de Lady Gaga. Du coup, je me suis dit « écoute, ça va bien à la vibe », « c'est plutôt dark », « c'est plutôt pas mal ». Et moi, je voulais vraiment que mon Drag soit très rock, très dark, très punk. Et donc, je trouvais que ça correspondait bien.

Et ensuite, je cherchais un nom de Drag qui était… déjà, qui était mémorable, où on n'allait pas galérer à se rappeler. Et aussi un nom de Drag qui représentait l'amour que j'ai pour les super méchants, pour les créatures, pour les personnes moches, pour les créatures moches, pour les méchants de l'histoire. C'est toujours mes personnages préférés. J'ai toujours énormément d'empathie pour ces personnages‑là.

Et donc, « Judas » c’était parfait parce que Judas, c'est le plus grand méchant de l'Histoire judéo‑chrétienne. Donc déjà, c'est très mémorable. Et surtout, c'est un méchant incompris. C'est un méchant incompris et c'est un méchant très intéressant sur le plan de l'Histoire.

La Queenterview : D'accord… donc, « Judas », vraiment, une évidence.

Judas Morningstar : Alors « Judas », ça a été une évidence. « Morningstar », pas du tout. Puisque je fais partie de la house

La Queenterview : Étoile du matin.

Judas Morningstar : Tout à fait. J'allais le dire en espagnol, mais je ne sais pas le dire.

La Queenterview : Estrella… euh…

Judas Morningstar : …. de la mañana !

Judas Morningstar : Ah oui, ouais, tu vois, à nous deux, on peut le faire.

La Queenterview : Judas Estrella de la Mañana.

Judas Morningstar, prenant un accent : C'est Judas.

Judas Morningstar et La Queenterview rient aux éclats.

La Queenterview : Je reprends…

La Queenterview tente péniblement de prononcer « Judas Estrella de la Mañana » avec un accent. Des sons de bugs d’ordinateur se font entendre. Il y parvient finalement.

La Queenterview : Judas Estrella de la Mañana.

Judas Morningstar : Tout à fait.

Un jingle symbolisant la victoire se fait entendre.

Judas Morningstar : Claro que si.

Judas Morningstar rit.

Judas Morningstar : « Morningstar », ce n’était pas une évidence. En fait, je fais partie de la House of Morningstar. Et en fait, au tout début, cette house ne s'appelait pas comme ça. Elle s'appelait la « House of Black ». Et en fait, elle avait choisi ce nom-là. Et en fait, ça ne nous correspondait pas. Ça ne nous correspondait pas. Ça vibait plus trop.

Et en fait, on s'est dit « Morningstar, c'est très cool parce que… », « Nymphéa, Lilith, ça fait un peu... », « soit céleste, soit un peu biblique », « enfin, ça fait vraiment assez imposant ». Et « Morningstar », qui est censé être le nom de Lucifer, rendait très très bien. D'où « Judas Morningstar ».

La Queenterview : Et l'importance d'avoir un... L’importance d'avoir des collectifs, des houses, comme tu disais… Pourquoi c'est important ? Pourquoi ça vit ? À quoi ça sert ?

Judas Morningstar : Alors, je vais commencer par dire que ce n’est pas vital d'avoir un collectif, que je sais qu'il y a cette course de beaucoup de nouvelles Drags… de vouloir un collectif, et ce n’est pas vital.

Par contre, ce qui est très cool avec un collectif, c'est que déjà tu ne fais pas du Drag seul, tu fais du Drag avec tes amis, parce qu'avant tout, le Drag dans un collectif, c'est faire du Drag avec ses amis et pas avec des inconnus, sinon ça ne sert à rien.

La Queenterview : Donc c'est organiser des événements ensemble, c'est ça ?

Judas Morningstar : C’est ça. C'est organiser des événements ensemble, c'est faire des shootings ensemble, mais c'est aussi juste boire un verre ensemble, rigoler ensemble, faire des posts ensemble. C'est vivre ensemble. C'est une vie de famille en fait. C'est une vie de famille où tu conçois ensemble. C'est de la recherche artistique finalement avec tous les membres de ton collectif. Et donc c'est ça qui est incroyable avec cette idée de collectif.

C'est aussi très bien pour le support émotionnel, parce que le Drag, ou même la vie de tous les jours pour une personne queer, ce n’est pas quelque chose d'évident tout le temps. Et donc les collectifs, ça peut pas mal aider à pouvoir se reposer sur d’autres personnes.

La Queenterview : Très bien. Donc là, on a déjà… On commence de savoir, de comprendre comment Judas se construit. Très bien. À un moment, Judas se retrouve pour sa première performance face à un public. Où est ce que c'était ? Quand est-ce que c'était ? Avec qui c'était ? Dans quelle tenue ? Je veux tout savoir.

Judas Morningstar : Dans quelle tenue ? Ah, tu ne veux pas savoir la tenue parce que c'était un fiasco monumental. Alors ma première perf, c'est assez cocasse parce que c'était bien après… c’était un peu après le Covid. C’est ça ?

Quelqu’un acquiesce.

Judas Morningstar : En fait, j'avais déjà acquis une réputation sur les réseaux sociaux et j'étais déjà « établi dans mon Drag », entre guillemets, dans ma chambre. Et donc j’ai été appelé par un ami à moi qui est une Drag de Lyon, et qui était une Drag de Grenoble à l'époque, et qui m'a dit « bah, écoute, est‑ce que tu veux venir juger une compétition de Drag ? ». Moi je me dis « oh work, vas-y, pourquoi pas, ça peut être intéressant ».

La Queenterview joue le générique de Motus.

La Queenterview : « Work », ça veut dire… attends, juste, petit aparté, « work », définition.

Judas Morningstar rit.

Judas Morningstar : « Travail », entre guillemets. Non, mais c'est trop bien.

La Queenterview : En gros « c'est parti », « on y va ».

Judas Morningstar : C'est ça, « c'est parti », « on y va » ou « trop bien » ou « vas-y d'accord » ou… voilà.

Judas Morningstar rit.

La Queenterview : Ok, allez donc là on y va, « travail », il te dit.

Judas Morningstar : Iel m'appelle pour me dire « bah, écoute, est-ce que tu veux juger une compétition de Drag ? ». Et moi, dans ma mégalomanie, je me dis « bien sûr », « je suis tout à fait adapté à juger une compétition de lip sync », alors que je n'ai jamais lip synché de ma vie.

La Queenterview : Oui, « je suis complètement adapté à sortir de ma chambre pour venir juger une compétition de Drag », « pas de souci ».

Judas Morningstar : Tout à fait, dans une autre ville avec des Drags que je n'ai jamais vues… donc la delusion, évidemment. Et donc, j'arrive sur le lieu et cette Drag me dit « bah, écoute, en fait j'ai mal jugé », « il y a un jury de trop, du coup tu ne vas pas être jury », « donc soit tu ne fais rien, soit tu participes au concours ».

La Queenterview : Ah… donc, C'est à dire que tu apprends ça sur place.

Judas Morningstar : Ah, mais voilà.

La Queenterview : D’accord.

Judas Morningstar : Et je suis en mode « let’s go ».

La Queenterview : Tu te dis « work » ou pas, là ?

Judas Morningstar : Non, je ne dis pas « work » là. Là, je ne me dis pas « work » du tout du tout.

La Queenterview : Tu te dis « le seum », un peu, « les boules ».

Judas Morningstar : Et là, je me dis « putain, heureusement que tu es mon ami ». Je me dis aussi « bon, à un moment va peut-être falloir sauter le pas », « mon petit Judas, tu es bien mignon avec tes make-up dans ta chambre »« mais si tu veux que ça évolue et que ça augmente un petit peu, il va falloir faire autre chose ».

Ce qu'il faut savoir, c'est que ce n'était pas une scène normale. C'était devant un bar. Et donc le bar avait l'habitude de faire ce jeu concours qui s'appelle la « Grenoble is Burning ».

La Queenterview : « Grenoble is Burning », meilleur nom. « Grenoble brûle », pour les non-anglophones.

Judas Morningstar : Voilà. Et du coup ça faisait écho à Paris is Burning, qui est un documentaire très très important que vous devez voir sur l'Histoire queer, l'Histoire Drag, l'Histoire du voguing, des ballrooms. Donc voilà.

Et je me retrouve face à 300 personnes qui m'entourent, parce que du coup la scène c’était un rond, au milieu d'eux, assis à table, en train de me regarder, être là avec une chanson que je n'ai pas répétée en mode « work »

La Queenterview rit aux éclats.

Judas Morningstar : « on va y aller ». Et donc tu t'en doutes bien, le petit Ju-…

La Queenterview : Bah, c’était incroyable.

Judas Morningstar : Ah… on va dire ça… non. Le petit Judas a complètement, mais alors royalement, foiré sa performance. C'était un fiasco total. Je ne passe même pas à la deuxième étape du concours.

La Queenterview : Mais pourquoi c'était… non, mais pourquoi c’était fiasco ?

Judas Morningstar : Alors, parce que je n'étais jamais monté sur scène avant. Je n’ai jamais fait théâtre ou de choses comme ça, donc, complètement perdu. J'étais absolument perdu de partout.

La Queenterview : Tu avais peur ? C'était flippant ?

Judas Morningstar : Ah, mais j'étais terrorisé. J'étais vraiment terrorisé. Je ne savais pas où me mettre. Je n'avais pas du tout envie d'être là. Mais je le faisais pour mon ami.

La Queenterview : Et tu t’es amusé ?

Judas Morningstar : Pas de ouf amusé. Mais bon, au moins je l’avais fait. J'étais vacciné. J'avais fait ma première perf.

La Queenterview : Alors tu dis que ça t'a vacciné. Ç’aurait pu te vacciner à l'inverse et te faire dire « non, ce n'est pas du tout pour moi ».  Tu as quand même senti qu'il y avait un truc… un petit truc en plus.

Judas Morningstar : Bah contre toute attente oui. Et ce n'est pas quelque chose que j'aurais attendu. Je pense que ça a libéré quelque chose en moi.

Ça a libéré quelque chose en moi de me dire « bon bah, attends, là tu l'as fait devant un public que tu ne connais pas », « tu l'as fait dans une ville de gens que tu ne connais pas », « tu l'as fait avec des Drags que tu ne connais pas », « c’était une compétition », « tu l’as fait devant 300 personnes », « c’était hyper prenant », « qu'est ce qui fait que maintenant tu ne vas pas réussir à le faire devant 30 personnes ou 40 personnes à Clermont ? »… parce que c'est ce qu'on pensait qu'on aurait à l'époque à Clermont, si jamais on le faisait.

Et donc, ça a un peu débloqué quelque chose en moi, ce qui fait que, un peu plus tard, à Clermont, on a pu faire ce qu'on a fait maintenant.

La Queenterview : Moi j'avais une question. Là, bon… si on devait décrire Judas Morningstar physiquement, en termes de perruque, en termes de vêtement, en termes de couleur…

Judas Morningstar : Judas, c'est… Judas, c'est un clown. C'est un clown camp, sexy et rock. Donc en fait, grosso modo, ce que je suis...

La Queenterview : « Camp », ça veut dire « absurde ».

Judas Morningstar : « Absurde », voilà, ou « grotesque ». Venir me voir sur scène, par exemple, c'est soit passer un moment très fun, soit un moment très triste, soit avoir peur parce que je m'énerve sur scène. Et en fait, Judas ressemble à une espèce de boule de couleurs. Du coup, j'ai toujours beaucoup de couleurs sur mon visage. J'ai des très très grosses lèvres, j'ai des très gros sourcils. Un contouring, du coup, très marqué. Donc, un contouring, c'est quand on exagère les traits de son visage, donc moi je les exagère. Je les exagère beaucoup.

J'ai toujours des très très grosses tenues qui sont faites par mon copain qui est costumier. Des grandes perruques très colorées, soit blondes, soit rousses. Parce que c'est les deux couleurs que j'aime beaucoup. Je peux en avoir d'autres couleurs, mais c'est les deux couleurs que j'aime beaucoup.

La Queenterview : Tu parles de cette rage. C'est quoi cette rage ? Pourquoi cette rage ?

Judas Morningstar : Pourquoi cette rage ? Mais parce qu'Adrien a la rage dans la vie de tous les jours. Parce qu'il y a plein de choses qui ne me conviennent pas, qui ne me plaisent pas, qui m'agacent, que je ne trouve pas normales, que je ne trouve pas logiques.

On ne peut pas exprimer, je pense… enfin, c’est même sûr. On ne peut pas exprimer sa rage, comme ça, de façon futile, dans la vie de tous les jours en le disant tout haut. Ce n’est pas possible, sinon on est exilés de la société.

Et en fait, pour moi… Pour moi, le Drag c'est ça. C'est montrer la rage, montrer que je suis énervé. Parce qu'il y a plein de trucs qui ont fait que ça n'allait pas dans ma vie. Et le seul moyen que j'ai trouvé aujourd'hui, c'est de le dire sur scène devant 150 personnes qui applaudissent et qui sont contents.

La Queenterview : OK ! Donc là, tu es en train de faire quoi d'un point de vue maquillage ? Petit point : étape make-up.

Judas Morningstar : Alors du coup, là, j'ai fini mon teint. J’ai fini mon teint. J’ai fini mon contouring. J'ai fait mes sourcils.

Et en fait, moi, ce que j'aime bien mettre sur mes sourcils, pour avoir encore ce côté un peu clown grotesque, j'aime bien mettre du blanc, du blanc très très blanc pour faire un contraste encore… encore plus avec le fard à paupières que je vais avoir, parce que j'ai toujours du fard à...

Moi, je ne fais pas de maquillages nudes. Je ne sais pas faire. Ça ne me ressemble pas. Je ne veux pas ressembler à « une petite meuf », entre guillemets.

Enfin, moi, je veux vraiment ressembler à un clown. Du coup, j'ai toujours des maquillages très très gros, très très forts, d'où par exemple la couleur « violet », qui est ma couleur préférée, que j'utilise tout le temps. Et par exemple, aujourd'hui, j'ai fait un teint blanc avec un contouring violet. Et là, je mets du blanc sous mes sourcils pour pouvoir appliquer mon fard à paupières violet.

La Queenterview : Et… et en deux mots, pourquoi cet objectif d'être clown ?

Judas Morningstar : Eh bah, je pense que déjà, ça vient du fait que je ne pouvais pas l'être quand j'étais petit, parce que je n'étais pas assez à l'aise avec moi… d'être un clown. Et je trouve que, après c'est mes goûts à moi, mais je trouve que, artistiquement parlant, une créature qui a beaucoup de couleurs sur elle, qui a un maquillage très exubérant, très très grand, très très fort, c'est hyper fun.

C'est hyper fun et ce qui est très bien, c'est que ça peut à la fois plaire aux adultes, comme ça peut plaire aux enfants, parce qu'ils vont avoir peut-être cette impression que je suis une marionnette ou une espèce d'elfe ou de fée. Et j'aime beaucoup.

La Queenterview : Dans un des précédents podcasts, j'ai parlé d'Aventure Morningstar. Est-ce qu'il y a un rapport entre Aventure Morningstar et Judas Morningstar ?

Judas Morningstar : Oui, bah, bien sûr qu'il y a un rapport entre Aventure et moi. Aventure, Aventure Morningstar, « Aventure Morningstar », comme dit Petra, et j'ai adoré, merci Petra si tu écoutes. Aventure Morningstar, du coup, c'est une petite fille Clermontoise, qui est incroyable, qui est incroyable, qui vient à presque tous nos shows, et qui a décidé que du haut de ses 6 ans, elle serait une Drag Queen.

Et moi, je trouve ça exceptionnel. Enfin, j'ai attendu 20 ans avant de me dire « attends, est-ce que je vais faire du Drag ? ». Et elle a 6 ans. Elle a dit « non, moi je le ferai à 6 ans », « et quand je serai plus grande, je serai une Drag Queen ». Elle veut faire la saison 12 de Drag Race France, et elle va la gagner parce que c'est une Morningstar.

Et moi, je l'aime beaucoup parce qu'elle est vraiment incroyable. Elle est très très gentille. Elle est très très curieuse. Elle est très très ouverte d'esprit. Enfin, elle a toujours des histoires très très fun à raconter. Elle adore remettre sa maîtresse en place quand elle dit des trucs pas ouf, avec ses copines.

La Queenterview : OK ! C’est vrai ?

Judas Morningstar : Mais oui, la dernière fois, sa mère me racontait que sa maîtresse avait dit que les garçons avaient un zizi et que les filles avaient une « foufoune », entre guillemets. Et elle était en mode « bah non, ce n’est pas vrai, pas forcément ».

La Queenterview : OK !

Judas Morningstar : Et la maîtresse en mode « bah si ». Elle était en mode « bah non, il y a des personnes transgenres » et sa copine a rajouté… sa copine a rajouté « bah ouais, c'est LGBT ». Et moi, je la trouve incroyable, cette gosse. Je la trouve vraiment incroyable. Donc vraiment… star.

La Queenterview : Une star.

Judas Morningstar : Ah, mais une star. Une star, puis tout le monde l'adore à Clermont maintenant, parce qu'elle a fait ses débuts sur scène avec nous. Et la petite performe bien, la petite fait des deeps et tout, chose que moi, je suis incapable de faire. Et elle est incroyable.

La Queenterview : OK !  La première fois que tu t'es maquillé, il y avait deux Drag Queen à Clermont. Maintenant, aujourd'hui, il y a combien de Drag Queens, 3 ou 4 ans plus tard, à Clermont, ou d'Artistes Drag ?

Judas Morningstar : Aujourd'hui, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de Drags à Clermont. Il y a beaucoup…

Je sais qu'on a organisé le Sidragtion, qui est une initiative nationale pour récolter des fonds pour le Sidaction, qui est organisé par des Drags, où on va en Drag dans la rue pour faire la maraude, et du coup avec des tirelires demander de l'argent aux gens. Et que pour la première fois cette année, on l'a organisé à Clermont avec, du coup, ma sœur Drag Lilith. Et qu'on a dû compter le nombre d'artistes Drags qu'il y avait à Clermont, potentiels, qui pourraient participer. Et je crois qu'on s'est arrêtés à 45.

La Queenterview étouffe un rire.

Judas Morningstar : Donc en 4 ans, il y a 45 Drags à Clermont. Du coup, je trouve ça exceptionnel.

La Queenterview : Est-ce que tu as participé d'une certaine manière à ça, à ce qu’il y en ait plus ?

Judas Morningstar : Bah…

Plusieurs personnes répondent « oui » dans le dos de La Queenterview.

La Queenterview : Il y a des personnes qui répondent « oui », dans mon dos.

Judas Morningstar : On est dans les loges avec d'autres Drags avec nous, du coup des Drags Clermontoises qui sont incroyables : Doll-ine et Amanitae, si vous pouvez les suivre sur Instagram. Et en fait, moi je suis persuadé que, quand une Drag apparaît quelque part, on est comme des champignons et qu'on se reproduit.

On se reproduit très vite parce que ce pouvoir de liberté, qu'un artiste Drag a sur scène, donne envie. Il donne carrément envie. Je pense que oui, le fait qu'avec les Morningstar, particulièrement avec Lilith, on ait commencé à faire du Drag, à sortir, à faire nos propres événements, nos propres soirées, je pense que ça a donné envie à d'autres Drags. Et puis ce qu'on a fait plus tard, on a fait des ateliers Drags pour leur apprendre à se maquiller.

Et en fait, on s'est rendu compte que maintenant, nous, notre place, elle est faite, qu'on a nos événements réguliers, qu'on a notre communauté, qu'on a tous nos partenaires et que c'est très important de savoir quand laisser sa place correctement. C'est une chose sur laquelle on est en train de travailler avec Lilith, c'est de laisser notre place.

C'est pour ça que, par exemple, à tous nos événements, on fait des scènes ouvertes : pour proposer aux tout nouveaux artistes clermontois qui viennent de se lancer, pour pouvoir performer à un endroit safe où tu vas performer, où tu vas être rémunéré.

La Queenterview : Et est-ce que c'est difficile de faire du Drag en région et en Auvergne ? Parce que c'est vrai que les... Voilà, on a l'impression que... Il y a une... Enfin, ce n’est pas une impression, c'est‑à‑dire qu'il y a une grosse scène Drag à Paris et en Île-de-France. Est-ce que c'est difficile d'exercer le Drag ailleurs ?

Judas Morningstar : Alors oui, au tout début, c'était compliqué. C'était compliqué parce que, par exemple, quand on sortait de clubs, on se faisait cracher dessus. On se faisait cracher dessus. On se faisait insulter quand on demandait au bar de faire des Drag Shows. Ils nous rigolaient au nez en disant « on ne veut pas de travelo ici », « on ne veut pas de travelo ici, non, ça ne nous intéresse pas », « nos clients ne veulent pas voir ça, on n'en a rien à foutre ».

Et donc, à début, ça a été compliqué. Puis, petit à petit, on a su se faire notre nom. Et donc maintenant, généralement, si on démarche un lieu, s'ils ont un créneau, ils ne cherchent pas à comprendre. Mais c'est l'avantage que nous, les Morningstar, on a. Ce n'est pas le cas pour tout le monde.

La Queenterview : Ici, aujourd'hui… donc, là, on est dans les coulisses du Fotomat’, comme je disais tout à l'heure. Est-ce que tu peux me dire un mot sur ce lieu ? Est-ce que c'est un lieu dans lequel tu performes souvent ? Et qu'est-ce que c'est que ce lieu ? Et pourquoi il te reçoit ? Et pourquoi il vous reçoit ?

Judas Morningstar : Alors le Fotomat’, c'est une grande salle à Clermont, qui est une salle indépendante. Et c'est une salle qui a comme postulat de ne pas vouloir se faire d'argent sur le dos des artistes. Par exemple, la location de la salle est gratuite.

La location de la salle est gratuite. Tu viens avec ton projet, ton concept, et tu fais ce que tu veux de ta soirée. Et en fait, c'est hyper important parce que du coup, ça autorise plein de Drags à faire leurs événements de façon gratuitement, puisque les Drags sont très souvent précaires. Et donc, c'est la force et l'avantage du Fotomat’. Et moi, je me produis très très souvent au Fotomat’, parce que tous les mois, j’anime mon show ici, qui s'appelle le « Faces Show ».

Le Fotomat’, c'est aussi un centre de recherche où tout le monde va venir faire ses recherches artistiques, où tu vas pouvoir venir faire des shootings, où tu vas pouvoir faire des tournages et des événements comme ça. C'est un lieu qui est militant à travers les personnes qui viennent, parce qu'en fait, le postulat du Fotomat’, c'est d'être une espèce de coquille vide. Tu viens avec ton projet.

La Queenterview : Et est-ce que ce lieu est ce qu'on appelle une « safe place », c'est-à-dire un endroit où, peu importe qui tu es, est-ce que c'est un lieu où on est censé se sentir bien, se sentir accueilli et être ici comme dans un refuge ?

Judas Morningstar : Je pense qu'on peut dire ça. Je pense qu'on peut dire que le Fotomat’, c'est un lieu safe à Clermont parce que déjà, on n’en a pas beaucoup. Puis le patron Julien, qui est une personne incroyable, est énormément dans la compréhension, dans l'écoute, dans la déconstruction. C'est un homme cishet et il écoute beaucoup. Il lit beaucoup, beaucoup, beaucoup de livres, de témoignages, sur la communauté queer et sur toute autre communauté. Donc, il prend beaucoup plaisir à nous accueillir.

La Queenterview : OK ! Et après, moi, si je peux témoigner de ma propre expérience ici, je trouve que c'est vraiment ça. C'est-à-dire qu'il y a vraiment ce côté un peu « refuge ». Venez comme vous êtes. On voit que les gens se sentent bien ici, qu'ils viennent comme ils sont, qu'ils viennent seuls ou à plusieurs. Il y a un côté, je pense, « refuge » et réconfortant. Et bravo pour ça.

Judas Morningstar : Bravo à Julien. Je pense que c'était le cas avant que nous, on arrive, parce qu'il y a plein d'autres événements. Enfin, il y a des concerts de Métal.

Le Fotomat’, ce n’est pas un lieu où tu te dis « ah, OK, c'est un lieu pour les queers » ou « ah, OK, c'est un lieu pour les rappeurs »ou « ah, OK, c'est un lieu pour les bourges ». Le Fotomat’, c'est un lieu pour tout le monde. Et ils sont très très doués là-dedans.

La Queenterview : On arrive très bientôt à la fin de cette émission. Déjà, est-ce que tu as des recommandations ? Bon, déjà, je pense qu'on peut partir sur le fait qu'on recommande le Fotomat’ à Clermont-Ferrand. Peu importe ce qui s'y passe, suive ses actualités. « Fotomat’ », ça s'écrit F‑O‑T‑O‑M‑A‑T.

La Queenterview joue le jingle de victoire de Motus.

Judas Morningstar : C'est une très très bonne reco pour les personnes qui sont en vacances à Clermont ou qui emménagent à Clermont, qui veulent du spectacle ou qui veulent des événements parce qu'ils sont toujours à la recherche de nouvelles personnes ou de nouveaux concepts. Ça, c'est hyper important à préciser.

Et en reco… À Clermont, on a la chance d'avoir un costumier, Drag, incroyable qui s'appelle « Patati Patata » et qui fait des costumes pour les Drag Queens et Drag Queers et Drag locaux, locales ou locaux, mais qui fait aussi des costumes pour les Drags ailleurs, qui en a fait pour des artistes aux États-Unis, qui en a fait pour des artistes Drag qui passent à la télé en ce moment.

La Queenterview : Alors comment on le retrouve ?

Judas Morningstar : Eh bien écoutez, vous ouvrez votre petit téléphone sur lequel vous devez déjà écouter ce podcast et vous cherchez « Patati Patata », donc comme « et patati et patata ». Et vous tapez « brand » à côté.

La Queenterview : « patatipatatabrand ». On retrouvera ça aussi en lien dans le podcast. Très bien. Et alors c'est quoi son style ?

Judas Morningstar : Alors, Leny, il a un style à la base très rock, très dark, très « vinyle », très « pics », très « cônes », très « cornes ». Donc c'est ce qu’il fait beaucoup, beaucoup fatalement parce que c'est beaucoup de choses que je porte moi, et que les Clermontois portent. Mais il est aussi très très fan des tenues monumentales avec beaucoup de tissus qui sont très princesses.

La Queenterview : Tu es la muse de ton amoureux ?

Judas Morningstar : Oui, je pense que je suis son plus fidèle client aussi.

La Queenterview : Et il t'a aidé dans la construction de ton Drag ?

Judas Morningstar : C’est quelque chose… C'est une très très bonne question parce que c'est un truc que je dis beaucoup, c'est que Judas ce n’est pas juste Adrien. Judas, enfin… Adrien c'est le corps, c'est celui qui maquille. Mais Judas en fait c'est un rassemblement de compétences que mon copain a, et surtout de visions artistiques, de recherches artistiques que je vais avoir, que ma meilleure amie qui est Photographe aussi va avoir. En fait, on travaille beaucoup, ensemble, sur l'esthétisme de Judas. Leny a énormément collaboré et a contribué à la création de Judas. Et Judas n’en serait pas là aujourd'hui s’il n’y avait pas Leny.

La Queenterview : Eh bah… Merci ! Est-ce que tu as une autre, une dernière recommandation ?

Judas Morningstar : Je pense que ce qui serait cool c'est de suivre… si vous voulez voir du Drag différent, si vous voulez voir tout ce qui représente le Drag en France, il y a deux comptes Instagram très importants à suivre.

Il y en a un qui s'appelle « Drag France », et pas « Drag Race France », mais « Drag France », qui est un compte qui va rassembler la plupart des artistes Drag en France, comprenant les Drag Queens, les Drag Queers, les Club Kids, les Drag Kings.

Mais il y a aussi un autre compte Instagram qui est tout aussi important parce que, lui, ne va se centrer que sur les Drag Kings, qui est la communauté un peu invisibilisée du Drag français qui s'appelle « Drag King France », et qui est très important à suivre parce que vous allez voir des artistes à qui on ne donne jamais la lumière.

La Queenterview : Très bien, eh bah moi je dis que très bientôt, dans La Queenterview, il y aura aussi des Drag Kings, il y aura aussi des Drag Queers, il y aura aussi toutes les personnes qui essayent de performer le genre ou pas, mais qui essayent de s'amuser de tous ces codes-là. Donc très bonne recommandation.

La Queenterview : Judas, je suis désolé de te le dire, mais c'est la fin de cette émission.

Judas Morningstar : Eh bah écoute, je suis déçu, moi qui pensais que ça allait durer l'éternité.

La Queenterview : Bah… On ne va pas rester là toute la vie quand même ? Parce que déjà, il fait quand même très chaud.

La Queenterview rit.

La Queenterview : Il fait très très chaud là où on est. Voilà. Il y a même une partie des Drags qui est en train de se préparer qui sont partis parce que leur maquillage ne réussit pas à fixer.

Judas Morningstar : C'est exactement ça. Je crois même qu'il y en a un qui allait se maquiller dans la salle de spectacle.

La Queenterview : Dans un congélateur, voilà… chez Picard. Merci beaucoup. Merci Judas Morningstar. Est-ce que tu as passé un bon moment ? Est-ce que tu recommandes ?

Judas Morningstar : J'ai passé un très très bon moment et je recommande ce podcast.

La Queenterview : Formidable. Merci à toustes d'avoir suivi ce nouvel épisode de La Queenterview. En attendant le prochain, likez, abonnez-vous, faites tout ce que le monde moderne a fait de vous. Et à bientôt pour une prochaine Queenterview.

Judas Morningstar : Bye bye.

La Queenterview : Salut Judas.

La Queenterview joue son générique de fin.


Transcription : @coschaf

Pochette : @artugolini

Réalisation : Léa et Tintin

Générique : Ry'm

Questions : Mia

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