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S01E03 - De Marlène Schaff à Petra - Transcription

Dernière mise à jour : 12 juin


TRANSCRIPTION


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(bref on a fait au mieux)


S01E03 - Petra
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La Queenterview - S01E03 - De Marlene Scha - La Queenterview
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La Queenterview : Tu préfères chanter tous les jours, toute la journée, pendant un an, avec [nom censuré] ou que Maxwell Sheffield, ton chien, ait la parole avec la voix de Jean-Marie Bigard et raconte que des blagues pas très woke ?

Petra manifeste son hésitation avec des onomatopées.

La Queenterview : Ce n’est pas facile, quand même.

Petra : Attends, laisse-moi réfléchir… mais, parce que… mais l'homme, il y a bien d'autres choses ?!

La Queenterview : Donc tu préfères que ton chien ait la voix de Jean-Marie Bigard et qu'il raconte que des blagues toute la journée.

Petra : Il ne pourra pas dire autre chose que des blagues ?

La Queenterview lance son générique de début.

Petra : Je vais te dire un truc, franchement : le livre de Jean-Marie Bigard est hyper inspirant.

La Queenterview : Eh bah… bienvenue dans La Queenterview !

Petra rit aux éclats.

La Queenterview : Hello à tous et bienvenue dans La Queenterview.

La Queenterview, qu'est-ce que c'est ? C'est un podcast d'interviews libres, ouvertes et inclusives qui vous ouvre les portes du monde merveilleux des artistes queers : Drag Queens, Drag Kings, Drag Queers, Club Kids et plus encore. Ici, on parle vie de Drag, vie out of Drag, de construction artistique, de processus créatif. Ah oui, et on digresse aussi. Je suis toujours biiip et je suis toujours aussi curieux.

Et pour ce nouvel épisode, j'ai décidé d'inviter une artiste surprenante qui a fait de sa voix une arme d'affection massive. Elle est la preuve que le Drag est infini. C'est une chanteuse, femme, cisgenre, hétérosexuelle, mais pas que… Ah non, c'est tout un programme !

Bienvenue pour ta Queenterview, Petra !

Petra : Hey ! Je suis ravie d'être invitée pour cette Queenterview. Merci beaucoup de me recevoir.

La Queenterview : Dans un premier temps, avant de parler de Petra, j'aimerais bien parler avec Marlène.

Petra : Elle est là, également.

La Queenterview : Pour commencer, qui est Marlène ? C'est quoi un peu son parcours avant de rencontrer Petra ? Tu as eu toujours ce goût pour la musique, ce goût pour le chant, depuis toute petite ?

Petra : Euh… Alors moi, c'était plutôt le théâtre. Je voulais vraiment être actrice. C’était… J'ai toujours voulu être sur scène. Ça, ça a été une évidence depuis toujours ; mais c'était vraiment plus le théâtre, la comédie… jusqu'à ce que ma mère me dise que pour être actrice, il fallait se mettre toute nue devant les caméras.

La Queenterview : Ah ! Je ne savais pas.

Petra : Bah, moi non plus ! La pudique adolescente que j'étais n'était pas prête à faire ça. Je me suis dit « bon… », « bah… ». Je faisais du piano, je me suis dit « bon, on va faire de la musique, plutôt ! ».

La Queenterview : Donc… C'est-à-dire que pour devenir actrice, donc, il faut se mettre toute nue.

Petra : Voilà, sachez-le !

Petra rit aux éclats.

La Queenterview : Non, mais… Moi… Elle est faite pour ça, cette Queenterview ! Elle est faite pour en apprendre tous les jours. Donc, là, on vient d'apprendre une nouveauté. Mais, quand ta maman elle te… quand ta mère te dit ça, c'est à quel âge ? Du coup, est-ce qu'il y a un monde, un peu, qui s'effondre pour toi, où tu te dis « faut que je pense à autre chose parce que je n'ai pas envie d'être à poil » ?

Petra : Pour le coup, c'est ça qui se passe. Moi, quand j’avais… J'ai découvert le théâtre quand j'avais 12 ans… le club théâtre, tu vois, de mon établissement scolaire. Et… et j'étais, mais, FASCINÉE par les actrices. Moi, je trouvais toutes mes inspirations… Alors à l'époque, j'étais Jane Seymour et Fran Drascher, c’étaient… c’est… Je n’avais pas encore découvert Meryl Streep, à l'époque, mais c'étaient des femmes qui me faisaient rêver. Je trouvais que c’étaient des exemples et je rêvais de ça.

Et donc un jour, ma mère me dit ça. Elle me dit « mais, tu veux être actrice, d'accord », « mais il va falloir que tu te mettes toute nue devant les caméras ».

Petra rit aux éclats.

La Queenterview : Non… Oui, ça aide à avoir une construction plutôt intéressante, du coup. On s'est dit « bah tiens, je ne vais pas me mettre toute nue et je vais peut-être chanter et me mettre à nu différemment ».

Petra : C’est ça ! Mais pour le coup, des années et des années plus tard… je te parle de ça, il y a peut-être, je sais plus, 5 ou 6 ans, j'ai été prise sur une comédie musicale et, au moment de signer le contrat, on me dit qu'il y aura une scène où je devrais être topless, seins nus. Je n’ai pas réussi à m'y résoudre. Je n’ai pas signé le contrat. Je n’ai pas fait ce spectacle. Donc, comme quoi, ça m'a quand même un peu toujours poursuivie, cette histoire.

La Queenterview : Bye bye le théâtre et la comédie, pour le moment. Le chant, le cabaret, ça arrive un peu de quelle manière ?

Petra : J'ai commencé la musique à 4 ans, donc ça a toujours été dans ma vie. Et c'est vrai que le jour où je prends conscience de ça, mais alors je me jette dans la musique, quoi. Je passe mes journées à faire du piano. La seule chose qui m'intéresse, c'est écrire des chansons. Je monte le club musique de mon lycée. Je monte mon premier groupe qui s'appelle Such, à l'époque. On fait des tremplins. Mais c’est… vraiment, j'ai fait un 180. De ne faire que du théâtre, je n'ai fait que de la musique. J'écrivais. Je ne faisais que ça.

La Queenterview : Et quand tu trouves cette passion-là, ça te tient à cœur ?

Petra : Oui, d'autant plus qu'à cette époque-là, je dois avoir 14 ans. C'est l'année où les Hanson débarquent… ce groupe.

La Queenterview fredonne un extrait de la chanson « MMMBop » du groupe Hanson, publiée en 1997.

Petra : Exactly ! Donc, bon, bah… déjà, évidemment, je tombe amoureuse de leur physique. Les cheveux longs blonds, ça m'a toujours fait quelque chose.

La Queenterview rit.

Petra : Mais surtout, ils ont mon âge. Ils font du piano ; enfin, un des trois fait du piano, donc c'est mon instrument. Et ils font de la pop. Et donc là, je me dis « mais attends, je peux vraiment faire quelque chose avec ça ! ». Quelques années après, je vais vivre aux États-Unis. Je ne choisis pas l'État où je me rends. Je choisis la région. Et puis, il y a une famille dans cette région qui choisit de m'accueillir.

La Queenterview : Comme une sorte de jeune fille au pair, c’est ça ?

Petra : Euh, bah… un peu différemment, puisque là, vraiment, je retournais au lycée. Donc, c'était vraiment une famille qui m'accueillait pour que je vive avec eux, et je…

La Queenterview : OK !

Petra : Voilà, une famille d'adoption pour mes études. Et il s'avère que je découvre, un mois avant de partir, que cette famille sera en Oklahoma. L'État d'où viennent les Hanson ; donc là, je me dis « mais non, ce n'est pas possible ! ».

La Queenterview : Tout est lié.

Petra rit aux éclats.

Petra : Que j'ai rencontrés là-bas d'ailleurs.

La Queenterview : Tu as rencontré les Hanson ?

Petra : Yes !

La Queenterview : Tu leur as fait « MMMbop » ?

Petra : Oh… Je leur ai fait beaucoup plus que ça.

La Queenterview rit aux éclats.

La Queenterview : Bon, je ne veux pas savoir.

Petra rit aux éclats.

La Queenterview : Tout bien réfléchi… Moi, je m'arrête à « MMMbop ».

Donc, tu as vécu aux États-Unis longtemps ?

Petra : J'ai vécu là-bas pendant un an. J'ai fait ma Terminale. Les gens qui m'ont hébergée à l'époque, c'est devenu comme ma famille ; donc, j'y vais tous les ans, régulièrement.

La Queenterview : Et ensuite, tu rentres en France. Là, on va aller peut-être un tout petit peu plus rapidement sur la suite. Mais comment tu te dis « tiens, j'ai envie de participer à The Voice » ?

Petra : Bah, quand je rentre de ma vie aux États-Unis… Là-bas, j'étais dans un lycée qu'on appelle de « Performing Arts », donc vraiment pour les gens qui se prédestinent à ce genre de carrière. Donc, j'ai tous les jours des cours de théâtre, de chorale, de chant, et cetera.

Et donc, bon, voilà, je sais que je rentre en France et que c'est ça que je veux faire. Donc, j'intègre une école qui s'appelle « Les Ateliers Alice Dona », pour apprendre à écrire des chansons. Et puis, bon, de fil en aiguille, je monte également mon groupe de rock… enfin, ça y est !

Petra rit aux éclats.

Petra : Et… et puis, on tourne. On fait plein de concerts. On sort un album et impossible de réussir à signer. Je chante en anglais à l'époque et c'est vraiment le truc qui revient tout le temps : « non, non, mais en France, on ne peut pas chanter en anglais ». Et donc, bah, un moment de guerre lasse, c'est l'époque où The Voice démarre ; et on me propose de participer à la saison 2. Et je me dis « bah, si je peux participer à la saison 2 en tant que représentante de mon groupe, faisons ça ». C'est pour ça que je participe à The Voice. C'est vraiment pour mettre un coup de projecteur sur mon groupe, à l'époque.

La Queenterview : Et, donc, tu participes à The Voice.

Petra : Yes.

La Queenterview : Cette expérience, qu'est-ce qu'elle t'a apporté ?

Petra : Elle a changé ma vie parce que, déjà, je participe parce qu'il y a Louis Bertignac dans le...

Maxwell Sheffield aboie et interrompt l’interview.

La Queenterview : Bah, alors, Maxwell ?

Petra : Qu’est-ce que tu nous embêtes ?!

La Queenterview : Moi, je t'ai accepté, Maxwell, OK ?! Ta maman, elle m'a dit « ça te dérange si je viens avec Maxwell ? ». J’ai dit « non, ça ne me dérange pas ».

Petra : Ouais, d'habitude, tu n’es pas chiant comme ça. Bon, tu es un peu chiant, mais…

La Queenterview : C'est vrai que… peut-être que je l'idéalise un peu, ce chien, au final.

Petra et La Queenterview rient aux éclats.

Petra : Au bout d'un moment, il… calmez-vous !

La Queenterview : Vous êtes hystérique, Maxwell.

Petra : Merde !

Maxwell Sheffield se calme et l’interview reprend.

La Queenterview : Tu fais The Voice parce qu'il y a Louis Bertignac dans les coachs.

Petra : Exactement. Ça, c'est... C'est ce qui fait que je me dis « attends, je fais ça pour promouvoir mon groupe de rock », « il y a The Ultimate Rocker ». En plus, moi, la guitare… bon, laisse tomber. Téléphone, le groupe de mon adolescence… Bref, j'y vais pour ça.

Et puis donc, j'ai de la chance puisqu'il se retourne. Je me retrouve dans son équipe. Lorsque cette saison-là se termine, donc c'était la saison 2, j'ai la surprise de recevoir un coup de fil de Louis Bertignac qui me dit « bah, je voudrais savoir si tu voudrais bien me donner des cours de chant ».

La Queenterview : J’imagine que ça doit faire quand même un petit… un petit « ouais, d’acc-… bon, ah, OK ?! ».

Petra : Ah mais…

La Queenterview : « Donc… je vais donner des cours de chant à Louis Bertignac ».

Petra : Ah mais… Je n’y ai pas cru. Franchement, j'ai cru que c'était quelqu'un, genre Michaël Gregorio, tu vois, qui faisait...

La Queenterview : …une blague.

Petra : Ah bah ouais, ouais, ouais. Mais avant de lui donner le premier cours, j'ai dit « excuse-moi Louis, mais, là, il a quand même fait que je te pose une question », « mais, pourquoi tu me demandes à moi ? » ; parce que bon, j'étais une jeune prof. Puis bon, lui, avec les contacts qu'il a, il pouvait vraiment demander à qui il voulait. Et là, je me souviens, j'étais derrière le piano. Il est assis à côté, il me regarde. Il me fait « pourquoi pas ? ». Bon, bah face à un argument pareil, qu'est-ce que tu veux dire ?

La Queenterview : Non, mais, « pourquoi pas », c'est parfois une très bonne raison.

Petra : Je ne sais pas. Il devait se sentir en confiance avec moi. Puis moi, je me sentais en confiance avec lui. Et quelque temps après, on propose à Louis de devenir coach sur The Voice Kids. Il me demande d'être la coach de son équipe, donc il va coacher les enfants de son équipe pour toutes les étapes qu'ils font dans The Voice. De talent face caméra à The Voice, je passe coach vocale derrière les caméras… donc, c’est… c'est assez fou.

La Queenterview : Dans La Queenterview, c'est difficile de tout faire tout seul. Et du coup… J'ai embauché une Assistante Editoriale qui m'aide à préparer les interviews, qui va, avec ses parents Alice et Gilles, regarder un peu sur les réseaux sociaux, sur ton profil Instagram et qui du coup, a des questions à te poser. D'ailleurs, on va la saluer. Bonjour Mia !

Mia : Bonjour, je m’appelle Mia. J'ai 4 ans normal. Mon plat préféré, c’est des plats italiens. C’est que de la pizza.

La Queenterview : Et toi, Marlène, c'est quoi ton plat préféré ?

Petra : Comme Mia, c'est les plats italiens, mais moi, c'est les linguini alle vongole.

La Queenterview : Donc c'est que les linguini alle vongole ?

Mia : .

La Queenterview : OK. C'est avec les…

Petra : Avec les « poids lourdes ».

La Queenterview : … les coques ?

Petra : Avec les palourdes.

La Queenterview : Et nous, comme on n'est pas lourdes, on va continuer cette interview.

Petra rit aux éclats.

Mia : C'est quand la première fois que tu es devenue Drag Queen alors que la dernière fois, tu n'étais pas Drag Queen ?

Petra rit aux éclats.

La Queenterview : Ça, c'est la question « vous avez 4 heures ». C'est quand la dernière fois que tu étais Drag Queen alors que la première fois, tu étais... Enfin, qu'est-ce que tu as compris ?

Petra : Mais, j'ai parfaitement compris ce que Mia demande. Merci pour cette question. La première fois que je suis devenue officiellement Drag Queen, que j'ai créé le personnage de Petra, c'était en 2018.

La Queenterview : Une nouvelle question, Mia.

Mia : Pourquoi tu es devenue Drag Queen ?

Petra : Mia, tu vas me faire pleurer tellement tu es sage dans tes questions. Je suis devenue Drag Queen pour réussir à remonter sur scène. Après, il y a aussi, derrière ça, des heures et des heures passées sur un canapé de Psy à essayer de comprendre qui on est, pourquoi, comment, quoi, qu'est-ce.

La Queenterview : C'est là où tu vas trouver Petra et qui va t'aider à te sortir de ça.

Petra : Dans le cabinet du Psy.

La Queenterview : Incroyable ! Bon, alors attends… Moi, j'ai trop hâte, mais on va y revenir après. On a trouvé Petra chez le Psy, alors qu'en général, on trouve Petra et après on va chez le Psy.

Petra rit aux éclats.

La Queenterview : Mia, question suivante.

Mia : Est-ce que c’est difficile de mettre des perruques avec de la colle ?

Petra : Mais elle s'y connait grave Mia ! Alors, ce n’est pas forcément difficile. C'est un petit coup de main à prendre. Bah… c'est comme tout, en fait : à force de s'entraîner, ça devient de plus en plus simple.

La Queenterview : Mia, est-ce qu’on a une autre question ?

Mia : Euh… Je n’en ai plus d’autre. Je suis désolée.

La Queenterview : Ah ! Bah… Bon, bah tant pis. Au moins…

Petra : Ce n’est pas grave, Mia.

La Queenterview : Nan, mais au moins, c’est cash. Elle dit les choses, Mia.

Petra : Ouais.

La Queenterview : Bon, bah, gros bisous Mia, à bientôt.

Mia : Gros bisous !

Petra : Bisous !

Mia envoie des baisers au vent.

La Queenterview : Elle nous a envoyé des bisous. Eh bah, merci beaucoup Mia. Merci pour tes questions, et merci à ses parents Alice et Gilles de lui avoir permis de se poser toutes ces questions.

On a commencé à parler un petit peu de Petra. On a commencé à dessiner un peu les contours. Donc tu disais que, Petra, tu l'as trouvée chez le Psy.

Petra : Oui, monsieur. Absolument !

La Queenterview : C'est-à-dire ?

Petra : C'est-à-dire que, comme je te le dis, à cette époque-là, je suis Coach Vocale à 400%. Je ne fais plus que ça de ma vie. Et, pour autant… Moi, il faut savoir que j'ai commencé à travailler avec un Psy après les attaques parisiennes, en 2015.

Et, bah, là en fait, il y a tout, tout, tout plein de choses qui se démêlent dans ma tête. On pose un peu tout à plat. Et puis, de fil en aiguille, je me rends compte que je n’ai pas fini, en fait, ma vie de Chanteuse, ma vie sur scène. C'est évident que c'est encore là. Et on en parle avec mon Psy, mais je dis à mon Psy aussi que je ne suis pas capable. Je ne suis pas capable.

Je ne suis plus capable de monter sur scène, parce que monter sur scène, c'est être vulnérable. Ce qui n'est absolument pas un défaut ou quoi que ce soit, mais c'est mon humble avis ; mais pour être vraiment sincère, vrai, il faut être vulnérable. Et j'ai trop peur de ça. J'avais vraiment cette sensation. Ce n’est pas pour parler, comme Alain Delon, à la troisième personne, mais à l'époque, j'avais besoin de protéger Marlène.

J'ai mon groupe de rock, qui avait été mon projet pendant 8 ans, qui… finalement, on se dit « bon, allez, on arrête, c'est trop ». On n'arrivait plus à avoir l'énergie de continuer. Maints autres projets qui, pareil, se terminent un petit peu en eau de boudin. Et là, je suis trop heurtée. Je n'ai plus envie de faire tout ça. Et pour autant, clairement, j'ai toujours ce besoin de créer, toujours ce besoin de monter sur scène. Et donc, c'est terrible. Je pleure. Je ne sais pas comment me sortir de ça. Et puis, il me semble que c'est l'époque où RuPaul's Drag Race arrive.

La Queenterview : C'est le moment où ça doit arriver sur Netflix, je pense, où c’est de plus en plus… ça se voit de plus en plus.

Petra : Oui, exactement. Et donc, je tombe là-dessus et je renoue avec mes premiers amours, les Transformistes, et cetera. Je renoue avec cet art des Drag. Je renoue avec le concept premier du Drag. C'est « moi, telle que je suis, mon identité du quotidien, elle est heurtée, elle est blessée », donc « je vais me créer un alter ego ultra flamboyant qui me permettra juste d'exister, de dire ce que j'ai envie de dire, de pouvoir exprimer ma créativité ». Et point. Et là, je me dis « bah voilà, c'est ça qu'il faut que je fasse ».

La Queenterview : Devenir Drag Queen.

Petra : Sauf qu'à ce moment-là, je me dis « bah oui, mais je ne suis pas un mec ». Et je suis... Parmi mes idoles, il y a également Dolly Parton. Et Dolly Parton avait dit « si j'étais née un homme, j'aurais été une Drag Queen ». Et je n’arrête pas de penser à cette phrase, et je me dis « punaise… », « encore une fois… », « encore une fois, il vaut mieux être un mec, quoi ». Et puis, à ce moment-là, je me dis « mais attends, mais c'est quand même incroyable que même pour créer l'illusion d'une femme, il faille être un mec ». Et là, je me dis « fuck this », « I'm gonna be a fucking Drag Queen ».

La Queenterview rit.

Petra : Et évidemment, donc je… Il me faut du temps, parce que ça prend énormément de temps. Donc, je commence déjà par renouer avec le maquillage. Donc, je travaille tous les jours, tous les jours, tous les jours, pour parfaire les techniques. J'apprends les perruques. J’essaye. Je cherche mon style avec des stylistes. Quelle va être ma voix ? Je commence à écrire aussi beaucoup mon spectacle, sans savoir pour l'instant que ça va être un spectacle. Je ne sais pas trop, tu vois. Je trouve le nom.

La Queenterview : Comment tu trouves le nom ?

Petra : Alors, je trouve le nom parce que... Donc moi, je suis Franco-Allemande. Et quand j'étais petite, je vivais dans les Vosges, donc dans, vraiment, un tout petit village où il n'y avait pas de magasin de jouets, et cetera. Et mon père, qui travaillait en Allemagne, me ramenait des jouets d'Allemagne souvent ; et il me ramenait des poupées Barbie, mais de la marque allemande Petra… qui est donc la Petra du pauvre !

Petra rit aux éclats.

Petra : Enfin, la Barbie du pauvre… c’est Petra !

La Queenterview : Petra, c’est la Barbie du pauvre ? Ah ouais ?

Petra continue de rire.

Petra : La Barbie du pauvre ! Mais, toujours est-il que ce n'étaient pas des vraies Barbies. Et je me souviens de ça et je me dis « vu que je ne vais pas vraiment être une vraie femme quand je suis en Petra », « mais plus une sorte de créature », « un truc un peu fantasmé », je me dis « si les femmes sont des Barbies, ma Drag sera une Petra ».

La Queenterview : Quand tu trouves ta Petra, quand tu trouves ton style, ta voix, que tu arrives à, justement, mettre toute ta créativité, toute ton énergie artistique là-dedans, qu'est-ce qui se passe pour toi ? Est-ce que ta vie, aussi, commence un peu déjà rien qu'à changer, le fait d'avoir ce projet artistique là ?

Petra : Mais en fait, tu sais, je pense que tout le monde peut avoir cette sensation parfois où tu te sens bloquée. Tu sais que ça ne va pas, et tu sais qu'il faut que tu changes, mais tu as l'impression que partout où tu regardes, c'est des murs. Et ça se resserre. Ça se resserre. Ça se resserre.

Et le jour où, déjà, je sais que c'est ça qu'il faut que je fasse, qu'il faut que je crée ce personnage, je pète un mur. Et quand je la trouve, que petit à petit, je trouve aussi des gens qui m’aident dans mon projet, et cetera, je pète un deuxième mur. Je fais les photos, j'enfile pour la première fois sa perruque, ses fringues, je pète le troisième mur.

Je me retrouve à aller travailler à Londres sur un projet qui n'a absolument rien à voir. Et puis, il y a quelqu'un qui me dit « mais tu sais, moi je m'occupe d'un théâtre ici », « machin », « si jamais tu as un projet, j'aimerais bien te faire jouer ça ». Et puis, à ce moment-là, j'avais ce spectacle, tu vois, mais c'était embryonnaire, encore, à ce moment-là.

La Queenterview : Oui, c’était en construction.

Petra : Et il me dit… Je crois, on doit être peut-être en octobre ou novembre 2018. Mon hochement de tête, il prend ça pour un « OK », « je te trouve une date ». Et il m'appelle et il me dit « bon, ben c'est bon », « tu as avril », « la salle est bookée pour toi ». Je dis « what the… », « what ?! ».

Petra rit.

La Queenterview : Eh, bah, merci beaucoup.

Petra : Donc, bah c'est parti. J'écris le spectacle, là pour le coup, en anglais. Et là, je pète le quatrième mur, en fait. Et là...

La Queenterview : On te prend pour ce que tu es, et pour qui tu es toi, et pour ton anglais, et pour tout ce qui te construit, quoi.

Petra : Bah finalement, en créant un personnage, où beaucoup de gens me disent « mais attends, tu es une femme, pourquoi tu te transformes en femme ? », « c’est complètement ridicule ». Bah, en créant ce personnage, je n’ai jamais été plus moi qu'en faisant ça. Et du coup, bah, en étant à 100% moi, et bah là, on me propose toutes les choses que je suis. On me propose d'aller jouer en Angleterre, mon spectacle en anglais… bah, voilà quoi !

Et tu sais, tout le temps, on entend ces conseils avec les jeunes artistes qui disent « donne-moi un conseil, qu'est-ce qu'il faut que je fasse ? », « quel est ton conseil ? ». Puis tu as toujours cette phrase de « sois toi-même », qui, moi pendant tant de temps, n'avait pas de sens. Et bah là, voilà, ça c'est la définition de « sois toi-même ».

La Queenterview : Et la première fois que tu te retrouves en Petra sur scène, comment tu t'es sentie ? Est-ce que tu avais une petite boule au ventre ? Est-ce que tu avais peur ? Ou est-ce que tu étais excitée de montrer ton personnage ? Il se passait quoi dans ta tête ?

Petra : Euh… oui.

Petra rit aux éclats.

La Queenterview : Mais, ce n’était pas une question qui se répond « oui » !

Petra : Parce que c'était vraiment… tout ça. J’étais absolument terrorisée parce que, déjà, je joue en Angleterre, qui, pour moi, est vraiment un pays avec une scène Drag énorme ; donc je me pose toutes les questions de légitimité. Donc j'avais très très peur. Je peux te le dire clairement : je n'aurais jamais réussi à faire ce spectacle en Marlène. Et donc c'est parce que j'avais Petra que la peur s'est transformée en excitation et en envie.

La Queenterview : Petra, elle a changé ta vie ?

Petra : Oui. Ah, bah oui. Oui, oui. Ah, oui. Oh là là. Petra, elle m'a permis de... En commençant par ma poitrine. J'ai toujours eu de la poitrine. On m'a toujours fait comprendre que c'était limite vulgaire. Il fallait cacher. Il ne faut pas montrer. Donc j'ai toujours toujours caché ma poitrine, mes formes, et cetera. À la minute où je deviens ce personnage, je travaille avec le premier styliste et la première chose que je lui dis… Je dis que je veux un corset où on voit mes boobs.

La Queenterview imite le son d’un ressort qui rebondit.

Petra, de même, imite le son d’un ressort qui rebondit.

Petra : En ce moment, j'ai le bonheur de pouvoir travailler en tant que Drag au Paradis Latin et j'ai des costumes qui sont revealing ; et puis, je joue avec mes partenaires sur scène… et moi-même, tous les soirs quand je rentre chez moi, je me dis « mais jamais j'aurais été capable de faire ça en Marlène », « ça, je ne l’aurais pas fait ». Mais pourtant, c'est Marlène qui le fait. C'est juste qu'à partir du moment où je suis en Petra, bah… je n'ai plus mes barrières que j'ai, en Marlène. Pourtant, Petra est Marlène, hein. C'est juste une version augmentée.

La Queenterview : C'est… c’est ça la magie du Drag, aussi. Quand tu es en Drag, c'est-à-dire quand tu es boosté pour être 100%, 200%, 3000% toi, et que d'un coup, on te regarde, que tu deviens un peu intriguant, qu'il y a une notion aussi un peu de respect, ce sentiment-là est aussi un sentiment hors du commun, j'imagine.

Petra : Oui. J'aime bien le fait que tu aies utilisé le mot « respect » parce que moi, pendant un temps, j'entendais souvent que les Drag Queens faisaient peur… mais je ne pense pas que ce soit de la peur que... Enfin après, je ne veux pas parler pour toutes les Drag Queens, je n’en sais rien. Mais en tous les cas, moi, c'est du respect que j'ai toujours ressenti à l'égard des Drags parce que… parce que je trouve ça formidable, cette flamboyance, en fait. Moi, quand je suis en Drag, je me sens belle, mais pas une beauté genre « comment je suis bonne dans le miroir, tu as vu un peu ? ».

La Queenterview rit.

Petra : C'est pas du tout ça. Je me sens belle, mais je me sens intouchable.

La Queenterview : Puissante.

Petra : Ouais, et je vais même te dire un truc. J'ai l'impression que personne ne peut m'atteindre dans mon âme, parce que… moi, je pense qu'on récolte ce que l'on sème et que, quand tu te sens fort, exactement là où tu dois être, eh bien, c'est ce que tu renvoies aux autres. Et donc personne ne va avoir envie de te dire « c'est bien », « c'est dommage que tu sois grosse quoi ». Vu que tu es à 100% toi, bah voilà… this is me, tu aimes, c'est bien, tu n’aimes pas, je m'en fous.

La Queenterview : Mais, c’est ce qu’on devrait avoir comme super pouvoir, tout le monde, dans la vie.

Petra : Bah, oui. Bah, oui. Alors, j'essaye, parce que RuPaul dit toujours que ce pouvoir que l'on ressent en Drag, on peut l'invoquer lorsqu'on est out of Drag. C'est ce que j'essaye de faire.

La Queenterview : Mais ce n’est pas facile.

Petra : Ce n’est pas facile, mais je ne me suis jamais mieux sentie dans ma vie qu'aujourd'hui. Je me sens aussi un peu intouchable.

La Queenterview : Et alors, j'ai une question parce que forcément, ça va interroger le monde, de manière générale, mais est-ce que c'est un problème quand on est femme, cisgenre, pas homosexuelle et Drag Queen ?

Petra : Euh… Oui. Oui.

La Queenterview : C'est un problème pour qui ?

Petra : C'est un problème pour beaucoup de gens. C'est pas du tout dans un but de me critiquer. C’est juste « enfin, tu n’es pas une Drag Queen », « enfin, je veux dire », « c’est un… », « qu'est-ce que tu es d'ailleurs ? ». Tu vois ? « Tu n’es pas une Drag Queen », « une Drag Queen, c’est un mec ». Donc moi, je les laisse parler. Et même parfois, je vois les gens qui commencent à s'énerver, beaucoup dans le milieu homosexuel. Ça génère une forme de colère presque de dire « mais ça, c'est à nous », « et voilà, voilà, encore un truc qu'on nous pique ».

La Queenterview : Pourquoi ça n’appartiendrait qu’aux hommes ? Moi, je pense que c'est là, le problème. C'est qu'ils n'ont pas compris qu'en fait, le Drag, c'est tout. Tu peux… Tu n'es pas obligée d'être jolie quand tu es en Drag, si tu n'as pas envie d'être jolie. Tu n’es pas obligée d'être fine. Tu n’es pas obligée d'être très, très bien maquillé. Si ce n’est pas ça ton propos, si ce n’est pas ça ton but, on s'en fout. Le Drag est fait pour être libre, ouvert et interprété par la personne qui a envie de l'interpréter, comme elle a envie de l'interpréter.

Petra : Mais c'est vrai que, en fait, moi, je trouve ça assez dingue parce que pour moi, tu vois, j'ai l'impression que dans cette catégorie « Drag », il y a justement cette envie de faire péter toutes les étiquettes. Et c'est ça que j'ai toujours adoré dans l'univers du Drag.

Tu vois, moi, j'ai commencé, je travaillais avec des Transformistes. Donc vraiment, là, le cabaret français où on essaye de ressembler à des...

La Queenterview : … faire une sorte d'interprétation.

Petra : Voilà… genre, le Snatch Game !

Petra rit.

La Queenterview : Genre le Snatch Game de RuPaul’s Drag Race, qui est un jeu où on doit prendre les codes de quelqu'un et le rejouer, le réinterpréter, comme les cabarets chez Michou, comme… En fait, les Transformistes, à la base, ils étaient plus connus que les Drag Queens, dans le sens où on a plus l'habitude de voir des Transformistes que des artistes Drag. C'est deux choses un peu similaires, un peu différentes.

Petra : Bah, disons que le transformisme fait partie de l'art du Drag.

La Queenterview : Exactement.

Petra : Là, en l'occurrence, le transformisme, c'est « on va personnifier quelqu'un qui existe ». Moi, quand je travaillais dans ce cabaret-là, tous les soirs, j'étais avec Sylvie Vartan, Tina Turner…

La Queenterview : Elles sont sympas ?

Petra : … Nina Mouskouri.

La Queenterview : Nina Mouskouri.

Petra : Nina Mouskouri, exactement.

Petra : Et Tina Tourneur.

Petra rit aux éclats.

La Queenterview : Elles sont sympas, en vrai ?

Petra : Elles sont sympas, elles sont un peu bitchy, je ne te cache pas. Elles sont un peu bitchy.

Mais oui, moi je trouve que… et c'est ça qui m'a attirée dans ce milieu-là, c'est que justement on fait péter les étiquettes. Et pourtant, quand moi j'ai créé Petra : « rah, mais… », « oui mais tu es quoi ? », « mais non mais tu es une femme, tu ne peux pas être une Drag Queen », « tu peux être un Drag King, c'est-à-dire une femme qui va se grimer en homme », « mais tu ne peux pas être une Drag Queen ».

Et je me dis « mais enfin c'est quand même incroyable », « cet art qui est né justement pour sortir du terreau de la haine, de l'intolérance, avec de la flamboyance, avec du beau, du fun », « tu veux m'écraser », « bah regarde je vais essayer de mesurer 2m50 avec des talons, des paillettes face à ton inconscience, ton inculture ».

Et vous venez me dire à moi que je n’ai pas le droit, mais attends… excusez-moi, mais enfin, en tant que femme, j'en connais un petit peu aussi un petit rayon sur « être écrasée sans cesse ». Donc si moi, grâce à ce merveilleux art qui est né, je réussis à me révéler dans vos codes, c'est une fierté, c'est « mais, prends ! », tout ça, c'est que de l'amour. C'est que de l'amour.

J'ai le plus profond respect pour cet art. Je m'y intéresse depuis des décennies. Je ne vole rien à personne, en fait. Et donc je ne te cache pas que depuis quelque temps, je n'ose même plus trop me qualifier de « Drag Queen » parce que j'ai l'impression qu'il y a des personnes que ça contrarie énormément.

La Queenterview : Il y a des personnes qui distribuent des badges de « bonne Drag Queen » et de « mauvaise Drag Queen » ?

Petra : Bien sûr.

La Queenterview : OK.

Petra : Bah, moi, je me suis retrouvée il n'y a pas si longtemps que ça dans les loges d'un cabaret avec énormément de Drags, que des hommes. Il n'y en a pas un seul qui m'a saluée… Mais je tiens quand même à dire que j'ai l'immense privilège d'avoir été adoubée par une formidable Drag Queen qui s'appelle Leona Winter. Et elle m'a donné énormément de force et de courage parce qu'elle, mais… n’a jamais, même, tiqué. C’est un non-sujet. Voilà.

La Queenterview : C'est ce que j'ai envie de dire. C'est un non-sujet, donc si vous aimez les Drags, aimez les Drags. Point. Et puis ne jugez pas. Ne prenez pas vos acquis juste en ayant regardé une émission de télévision. Intéressez-vous à la philosophie qui va autour de cet art-là et comprenez que vous serez toujours surpris. C'est ça aussi le truc. Il ne faut pas penser que c'est une boîte, une case, et cetera. Non, pensez que c'est encore plus ouvert, que ça va encore plus loin et que vous n'avez pas fini d'être surpris.

Petra acquiesce.

La Queenterview : Après, on a le droit d'aimer ou de ne pas aimer. C'est autre chose… mais, laissons faire ce que les gens ont envie de faire. C'est quand même déjà très, très bien.

J'ai parfois, Marlène, il faut que je te le dise, des manques d'inspiration.

Petra : Oh !

La Queenterview : Des fois, je suis là, je me dis « oh là là, mais quelles questions je pourrais poser ? », « est-ce que c'est vraiment intéressant ? ». Du coup, comme je manque d'originalité, je n'ouvre pas un livre. J'ouvre ChatGPT et je lui dis « quelles questions je pourrais poser à Marlène qui ne lui ont jamais été posées ? ». Et du coup, bah voilà, mon ami GPT est de la partie.

Petra : Oh, My Lord.

Une voix robotique prend la parole

« Bonjour Petra. Bonjour Petra. »

Petra : Bonjour.

Petra ricane.

Une voix robotique prend la parole

« Supposons que les Drag Queens soient devenues les dirigeantes du Monde. Quel serait ton premier décret en tant que Drag Queen suprême ? »

Petra : Alors mon premier décret en tant que Supreme Drag Queen… mon premier décret serait de ne plus genrer les vêtements, parce qu'alors, franchement, je trouve qu’il y a tellement de choses sur lesquelles on a besoin de travailler, de réfléchir, d'évoluer, et cetera. Mais alors, si un mec, il a envie de s'habiller avec des talons et des jupes, si une nana, elle a envie de se couper les cheveux, la boule à Z et s'habiller comme un cowboy, mais qu'est-ce que ça peut faire ? Les vêtements qu'on porte ne nous définissent pas, et je trouve ça, mais, d'un con !

Mon chien, tel que vous pouvez le voir présentement, a un harnais rose.

La Queenterview : Ouais. C’est vrai.

Petra : Et mon chien est un mâle. C’est un mâle, cet animal. Eh bien, quasiment tous les jours, je le promène : « oh, elle est mignonne », « la petite fifille ». Je dis « ah, bah non, c'est un mâle ».

Petra mime la surprise de ses interlocuteurs au moyen d’onomatopées.

Petra : « Bah, bah, pourquoi il a un harnais rose ? »

Petra marque un silence.

La Queenterview : Eh, ouais.

Petra : Et là, je les regarde, je dis « nan, mais, vous êtes au cou-… », « vous parlez d'un chien », « vous vous rendez compte, quand même, que mon caniche n'a pas conscience que le rose c'est pour les filles, le bleu c'est pour les garçons et qu'en plus, il ne le voit même pas cette couleur-là ? ». Je dis « mais alors, vous, qu'est-ce que vous êtes cons ! ».

La Queenterview : Ouais. C’est aussi… La Queenterview est aussi là pour dire que le rose est une couleur et que le vernis, c’est pour les ongles.

Petra rit aux éclats.

Petra : Je n’ai pas les mots pour exprimer à quel point je trouve ça stupide. Enfin, les Romains, ils portaient des jupes. Non, mais on va arrêter ça, c'est comme si on nous « endormissait ». Mais il n'y a pas des choses plus importantes ?! Mais laissez les gens s'habiller comme ils veulent, qu'est-ce que ça peut faire ?!

La Queenterview : Donc arrêtons de genrer les vêtements et laissons faire ce que les gens veulent faire et comment ils veulent s'habiller.

Petra : Ah ouais… mais ça, ce serait mon décret suprême. Tu imagines, tu marches dans la rue et tu vois vraiment les vraies couleurs des gens, pour le coup.

La Queenterview : Moi, je dis que ce décret de cette Queen Supreme est validé.

Petra : Thank you.

La Queenterview : Eh bah, merci beaucoup GPT.

Petra : Merci GPT.

La Queenterview : Marlène, on arrive…

La Queenterview tousse bruyamment.

La Queenterview : … bientôt à la fin de ma vie.

La Queenterview marque un temps.

La Queenterview : Non, on arrive bientôt…

Petra rit aux éclats.

La Queenterview : Marlène, on arrive bientôt à la fin de cette émission. Si demain, il y a des personnes qui veulent se lancer en Drag, des petites filles qui veulent se lancer en Drag aussi, qu'est-ce que tu leur conseilles ?

Parce que moi, je vais te raconter un petit truc, une anecdote qui m'est arrivée le week-end dernier. J'étais à une viewing party à Clermont-Ferrand et j'ai rencontré une petite fille qui m'a dit « je suis une Drag Queen ». Elle a 6 ans.

Petra : J'adore !

La Queenterview : Et elle m'a dit « je suis une Drag Queen ». Elle s'appelle Aventure Morningstar.

Petra : Wow !

La Queenterview : Et elle est complètement Drag Queen.

Petra rit.

La Queenterview : Donc du coup, tu vois, je me dis « toi aujourd'hui qui est femme et complètement Drag Queen », je me dis « il peut y en avoir plein, des petites Marlène, des petites Petra et des petites Aventure Morningstar ». Qu'est-ce que tu conseillerais aux personnes qui ont envie de faire du Drag ?

Petra : Déjà premièrement « Aventure Morningstar », c'est quand même le meilleur nom de la Terre. Wow !

Moi, dans le spectacle que je joue, qui s'appelle « A Queen is Born », je dis que Petra est à Marlène, ce que Superman est à Clark Kent. C'est ma super héroïne en fait… donc mon conseil pour Aventure Morningstar, c'est de trouver sa cape de super héroïne. Donc, moi ma cape, je l'ai trouvée avec le maquillage, les perruques, les vêtements.

Moi, tu vois, je travaille au Paradis Latin, comme je te le disais tout à l'heure, et je me suis donné comme challenge de ne jamais faire le même make-up un soir de suite.

La Queenterview : Ça ne doit pas être facile.

Petra : Ouais mais c'est tellement fun ! C'est tellement fun ! Hier, j'en ai fait un complètement dément. Ça m'a pris énormément de temps pour un résultat zéro, puisqu'il ne se voyait pas sur scène.

Petra rit aux éclats.

La Queenterview : Ah oui, c’est quand même dommage.

Petra : Il se voyait quand j'étais proche des gens, mais quand j'étais sur scène en fait c'était trop dans le détail, ça ne se voyait pas.

La Queenterview : Loupé ! Bah… faites des maquillages « voyants », si vous y passez du temps.

Petra rit aux éclats.

La Queenterview : Avant de terminer cette émission, est-ce que tu as des petites recommandations culturelles ? Ou quoi ? Ou qu'est-ce ? Ou de films ? Ou de séries ? Ou de musique ? Ou d'album ? Ou de… ou de quoi que ce soit ?

Petra : Déjà premièrement, évidemment, Ingrid Michaelson, qui est une… ça s'écrit « Michaelson ». Ingrid Michaelson, qui est une chanteuse absolument formidable, qui fait de la folk, qui fait tout elle‑même, Pianiste, Chanteuse, Arrangeuse Vocale.

Elle n'a jamais signé en label, donc elle a toujours fait tous ses albums elle-même. Et là, elle a fait toutes les chansons de la future comédie musicale qui adapte The Notebook, le film… enfin, le livre à la base, puis le film, qui a été adapté en comédie musicale à Broadway. C'est Ingrid Michaelson qui a fait toutes les chansons.

Ensuite, bien évidemment, Meryl Streep. Meryl Streep qui, pour moi, est… c'est elle la Drag Queen Supreme, parce qu'elle, un jour, elle avait dit dans une interview qu'au début de sa carrière, on la mettait toujours dans une case. D'ailleurs, elle a raconté mille fois cette anecdote qu'elle avait auditionné pour… c’était quoi ? C’était King Kong et… que le Réalisateur avait dit, en italien, en pensant qu'elle ne comprenait pas, qu'elle était trop moche pour faire la jeune première.

Meryl Streep avait toujours dit que le but… le concept même d'une actrice, c'est de pouvoir être un caméléon, et elle a dit « mais je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas jouer le rôle d'un homme ».

Et elle a joué le rôle d'un homme. Elle joue le rôle d'un Rabbin dans la merveilleuse série qui s'appelle « Angels in America ». C'est une série exceptionnelle. À la base c'est une pièce de théâtre qui a été adaptée en série et qui parle du milieu homosexuel et des années sida aux Etats-Unis ; et de comment ce drame, finalement, a fait changer un peu les esprits, puisqu’avant c'était caché et là ce n'était plus caché.

Donc, voilà… Moi, je conseille toujours tout le travail de Meryl Streep parce qu'elle est… elle est sensationnelle.

La Queenterview : Et une petite dernière recommandation ?

Petra : Et une petite dernière, évidemment de soutenir les... mais ça c'est absolument capital de soutenir les artistes en France, dans notre pays, Drag ou pas. C'est tellement impor-… Je sais qu'après avoir vécu ce qu'on a vécu avec le confinement, et cetera… On a trouvé tellement de plaisir à rester dans son canapé, à regarder les plateformes de streaming et autres ; mais il ne faut jamais oublier qu'aller voir un spectacle vivant, aller voir une pièce de théâtre, venir au Paradis Latin ou à l’Artishow, aller dans les cabarets, voir des pièces de théâtre, des concerts…

La Queenterview : Sortez de chez vous.

Petra : … ça n'a rien à voir, rien à voir.

Et je dirais même une chose : on a quand même une chance exceptionnelle à Paris d'avoir des cabarets, et en plus, ce cabaret, c'est vraiment pour le coup quelque chose de très français. Eh bah moi, tous les soirs où je suis au Paradis Latin, je peux vous dire que quasiment 70% de la salle est étrangère, et je connais très peu d'amis, Parisiens en particulier, qui vont dans ces lieux emblématiques de la capitale : le Moulin Rouge, le Paradis Latin. Bon, malheureusement, nous n'avons plus le Lido, mais Chez Michou, l’Artishow, Madame Arthur.

Sortez. Allez voir. Vous n'avez aucune idée de ce que c'est qu'une soirée cabaret et ça n'est pas racontable. Il faut y aller.

La Queenterview : Très bien. Eh bien, c’est une très bonne chose. Et du coup, qu’est-ce qu’on va faire Marlène ? Eh bah, on va y aller !

Petra : All right.

La Queenterview : Bon, Marlène, c’est la fin de cette émission. Est-ce que ça t'a plu ? Est-ce que tu recommandes ?

Petra : Ah bah alors, moi, si vous me dites si ça m'a plu de parler de moi, je suis une artiste, c'est le but de ma vie !

La Queenterview et Petra rient aux éclats.

La Queenterview : Eh bien, merci beaucoup Marlène, et merci à toustes d'avoir suivi ce nouvel épisode de La Queenterview. Merci à Tintin à la réalisation. Et en attendant le prochain épisode, likez, abonnez‑vous, faites tout ce que le monde moderne a fait de vous et à bientôt pour une prochaine Queenterview. Bye !

Petra : Bye !

La Queenterview lance son générique de fin.


Transcription : @coschaf

Pochette : @artugolini

Réalisation : Léa et Tintin

Générique : Ry'm

Questions : Mia

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