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S01E02 - De Jeroen à Sylvia Slut - Transcription


TRANSCRIPTION


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(bref on a fait au mieux)


S01E02 - Sylvia Slut - transcription
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La Queenterview - S01E02 - De Jeroen a Syl - La Queenterview
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La Queenterview : Tu préfères être en Drag tous les jours pendant un an et faire les meilleurs mix de ta vie ou être en Drag deux fois par mois mais mixer que du Francis Lalanne ?

Sylvia Slut : Tu es fou, toi ? Non mais sérieux, je ne pourrais pas être... Non, non mais attends, c'est hors de question.

La Queenterview : Là, ça serait mixer que du Francis Lalanne.

Sylvia Slut : Je ne peux pas… mais non, impossible.

La Queenterview : Donc tu préférais être en Drag tous les jours et faire des mix incroyables.

Sylvia Slut : De toute façon, je vais tenir trois jours et après tu peux m'enterrer.

Sylvia Slut rit.

La Queenterview lance son générique de début.

Sylvia Slut : Non, mais tu es fou. Tous les jours en Drag… My God ! Ça, c'est une bonne punition.

La Queenterview : Hello à toustes et bienvenue dans La Queenterview.

La Queenterview, qu'est-ce que c'est ? C'est un podcast d'interviews libres, ouvertes et inclusives qui vous ouvrent les portes du monde merveilleux des artistes queers : Drag Queen, Drag King, Drag Queer, Club Kid et plus encore. Ici, on parle de vie de Drag, de vie out of Drag, construction artistique, processus créatif, ah oui, et on digresse aussi.

Merci beaucoup pour vos retours suite au premier épisode de La Queenterview. Bah du coup, aujourd'hui, on va tenter de faire mieux ou pire. Je suis toujours biiip, je suis toujours curieux et pour ce nouvel épisode, j'ai décidé d'inviter une artiste hypnotique qui fait danser la France et le monde ; car oui, elle est DJ. C'est une Drag haute en couleur qui a vécu mille vies. Bienvenue pour ta Queenterview, Sylvia Slut !

Sylvia Slut rit.

Sylvia Slut : Merci beaucoup !

La Queenterview : Alors, moi déjà, avant de commencer de parler de toi, de parler de Sylvia, de parler du Drag, je voulais parler à Jeroen, donc…  parce que tu es Belge.

Sylvia Slut : Belge Flamand.

La Queenterview : Belge Flamand.

La Queenterview : Et donc toi, en gros, c'était quoi ton enfance, ton adolescence avant de rencontrer Sylvia ?

Sylvia Slut : Bah, écoute, en fait, en gros… J'ai un peu toujours le bonheur à dire à des gens que j'ai eu une jeunesse dorée, en fait, une jeunesse incroyable. J'ai été élevé par des parents hippies, mais il n’y a pas plus hippie à fond. Je suis né en 1969 et oui, compte, compte, compte, c'est mon âge.

La Queenterview : Non, mais ce qui est bien, c'est quand tu donnes ton année de naissance, ça force vraiment, aux gens qui ont vraiment envie de trouver ton âge, de compter. Sinon, ils se disent « bon, bah, elle est née 69, c'est OK, pas de souci, on passe à la suite ».

Sylvia Slut : Non, mais en plus, tu arrives aussi à même être mieux dans ce contexte-là, en fait : un enfant qui est élevé dans les années 70, avec des parents complètement baba cool, qui sont très ouverts d'esprit, très artistiques. Mon père, il était Peintre Décorateur. En fait, il créait des étalages des magasins. Et ma mère, elle était Institutrice d'enfant de 3 à 4 ans, qui amenait aussi toujours beaucoup de créativité dans son travail, quoi.

Et du coup, j'ai eu beaucoup beaucoup de chance. J'étais un petit garçon gâté, mais pas gâté avec des objets ou avec des jouets. C'est juste gâté de vivre à la campagne dans une superbe maison, une sorte de petite ferme avec une énorme forêt, jardin, à côté, où j'avais ma petite maison en bois dans les arbres. Non, vraiment, j'ai eu une jeunesse de ouf. Et je remercie toujours mes parents pour ça. Là, maman, elle n’est plus là, mais papa, il le sait très bien.

Et, en fait, je pense qu'eux, ils ont vraiment contribué à que je puisse me développer tel que je suis maintenant, en fait. J'ai énormément de gratitude envers eux, parce qu'ils ne m'ont jamais bloqué. Ils ont très vite vu qu'ils avaient un enfant un peu spécial, qui adorait de se déguiser, de dessiner, de bricoler. J'étais un enfant assez solitaire aussi, parce que tu vis à la campagne… ma petite sœur, elle est née trois ans après. Et voilà, moi, j'étais un petit garçon gay.

Ma mère, qui déjà… elle était institutrice d'enfant de 3 à 4 ans, elle a quand même vu direct qu'elle avait un enfant qui était très doué pour le dessin, qui sortait un peu du lot, qui était très créatif. Et elle a poussé ça. Elle était vraiment très fière de tout ça. Et elle a tout de suite compris qu'elle avait un « petit artiste », entre guillemets, à la maison, quoi.

La Queenterview : Est-ce que tu sais ce que tu cherchais quand tu dessinais ?

Sylvia Slut : En fait, j'ai compris très vite, enfin tout le monde a vite compris, que j'étais complètement gaga de tout ce qui était Disney. J'étais fasciné par le monde Disney. Mais tout, à la fois les dessins animés, on regardait la télé française, avec les émissions de Pierre Tchernia, avec les Disney clips. Et pour nous, enfin pour moi et pour mes parents aussi, c'était vraiment Disney, c'était quelque chose qui était vénéré. On avait énormément d'admiration pour ces dessins animés. Moi, après, je suis devenu aussi complètement fasciné par les parcs d'amusement Disney, enfin toute la créativité autour.

Et… oui, très vite, j'avais compris que le dessin animé, pour moi, c'était peut-être l'idéal. J'ai fait mes études là-dedans. Et je pense que même c'est une des raisons que je savais déjà très bien, vers mes 12 ans, que je voulais faire du dessin animé, que mes parents, ils m'ont poussé là-dedans en me disant « ben écoute, tu n’as rien à faire ici dans cette école, qui est juste une petite école de province », « on va te mettre dans une école d'art qui va te préparer pour plus tard aller à l'Académie et de suivre les cours d'animation », en fait.

La Queenterview : Donc tu as suivi des cours de dessin, des cours d'animation, pour travailler tout de suite dans le dessin animé. Mais c'est ce qui t'est arrivé du coup ?

Sylvia Slut : Ah oui, oui, oui, d'ailleurs, en fait, moi je suis sorti de l'école, de l'Académie en fait, à Gand. Et voilà… vraiment je porte Gand dans mon cœur parce que ça reste une ville fun et créative et pleine d'étudiants d'art. J'ai fait mes quatre ans à l'académie à Gand, l'animation… division animation. Et direct après, j'ai trouvé du travail à Luxembourg. J'ai travaillé quatre ans à Luxembourg, d'abord dans le dessin animé. Et en gros, je bosse depuis 35 ans dans le dessin animé.

La Queenterview : Là tu minimises un petit peu. C'est-à-dire que tu disais que tu étais un grand fan, quand tu étais tout petit, des films Disney. Tu as travaillé pour quel studio qui commence par un D et qui finit par « ­-isney » ?

Sylvia Slut rit.

Sylvia Slut : Oui, du coup, je travaillais depuis quatre ans à Luxembourg. Et j'étais malheureux comme un pou, à Luxembourg, parce qu'il n'y a rien à faire. Il n'y a rien de fun là-bas. C'est que des gens qui travaillent dans la finance et… bref. Mais je bossais dans un studio qui fabriquait des séries déjà pour la télévision française. Et j'avais eu l'opportunité d'envoyer mon book, en fait, à Walt Disney Feature Animation, qui était à ce moment-là implanté à côté de Paris, à Montreuil.

Ils avaient créé un studio là-bas qui aidait, en fait, la Maison Mère à Los Angeles à fabriquer les derniers longs métrages qui étaient faits en 2D, c'est-à-dire à la main, sur papier. Et j'avais envoyé mon book et finalement, j'ai décroché une place, au début, en tant que petit Assistant Animateur.

Et à la fin, je suis devenu, les derniers 4 ans… J'ai bossé quand même 11 ans pour Disney, ouais, Disney à Montreuil. Les 4… les derniers 4 ans, j'étais chef d'un département entier, quoi, tu vois, de 25 personnes.

C'est nous qui gérait, en fait, les clean-up. Et c'est un peu le moment où on met en propre les dessins des Animateurs. Ce sont nos dessins qui vont être à l'écran. Du coup, ce sont des dessins qui prennent beaucoup de temps, qui sont extrêmement rigoureux, très, très propres et très beaux, mais qui suivent aussi à la lettre, en fait, ce que l'Animateur il a mis dedans comme jeu d'acteur et de timing, et tout ça.

La Queenterview : C'est-à-dire qu'il y a un Dessinateur qui commence de faire des dessins qui font… qui fait les caractéristiques, on va dire, du personnage et de la saynète, mais ensuite toute la partie animation, image par image : ça, c'était ton travail.

Sylvia Slut : Bah, en gros, on a un Animateur… par exemple, quand je bossais sur Tarzan. Nous, en fait, on avait la chance de bosser avec Glen Keane à Paris, qui c'est un peu le Leonardo da Vinci chez Disney. C'est lui qui a créé Ariel, la Bête. En fait, c'est une légende dans le milieu Disney. Et Glen, il est en train de fabriquer le personnage Tarzan et il voulait vraiment travailler avec l'équipe parisienne. Et, du coup, j'ai eu la chance de bosser sur, par exemple, ce personnage Tarzan adulte.

Et en fait, en gros, nous, on prenait les scènes des Animateurs, qui sont très croquis. Il faut se dire que c'est, quand même, à peu près 12 images par seconde qu'il doit fabriquer pour avoir une seconde de film. On les expose deux fois, ça fait 24 images. Et en fait, tu imagines bien que c'est un travail très laborieux. Il faut être très précis. Il faut être très propre. Et il faut avoir aussi une équipe, une équipe qui travaille ensemble, parce que l'un va suivre l'autre. C'est à dire tout ce que je fais va être encore, par exemple, mis en couleur.

Enfin, il y a toujours… c'est toute une chaîne, en fait. Et en fait, je fais partie de cette chaîne-là. Et j'ai très vite découvert aussi que c'est ça que j'aimais bien. C'est le travail d'équipe.

La Queenterview : Il se passe combien de temps entre le moment où tu te mets à travailler dessus et le moment où ça sort ?

Sylvia Slut : À l'époque, on comptait 4 ans de fabrication pour un long métrage Disney. Et je parle vraiment du début jusqu'à la fin, c'est-à-dire de l'écriture, jusqu'au storyboard, jusqu'au layout, jusqu'à l'animation, la mise en couleur, son, découpage, et cetera, et cetera. Et tout est planifié méticuleusement parce que ça coûte extrêmement cher.

Ce n’est pas comme au cinéma où tu dis « bah tiens, on va faire 6 prises et on coupe ce qu'on veut ». Non, en fait, tout est prémédité parce que ça demande énormément de travail. C'est… surtout que nous, on dessinait encore sur papier, tu imagines. On était des préhi-… on était des dinosaures ; mais je suis très content d'avoir fait ça. Ça m'a appris la rigueur. Ça m'a appris, aussi, le respect d'un travail bien fait.

La Queenterview : Tu as travaillé du coup sur quel film, sur quel dessin animé, qui pourrait parler ?

Sylvia Slut : Moi je suis arrivé chez Disney en 1996 et j'ai démarré sur Hercule, sur le personnage « Megara ». Et j'étais avec un Lead. En fait, c'est tout… et en fait, on a tous… il y a des Leads, il y a des Assistants, il y a des Sous Assistants. Je travaillais avec un Lead. C'est la personne qui gère le personnage Megara pour Paris, qui était incroyable. Florence, c'était un OVNI. C'était un tout petit bout de femme qui savait dessiner comme pas possible et qui m'a tout appris, en fait. La première fois que j'ai ramené mes premiers dessins, elle m'a tout fait corriger, en fait.

Sylvia Slut rit.

Sylvia Slut : Et en fait, voilà, pendant ces 11 ans chez Disney, j'ai rencontré des gens avec qui j'ai travaillé qui étaient vraiment des légendes dans le milieu Disney. J'ai fait Hercule, après j'ai enchaîné sur Tarzan. Après, on a fait Kuzco. C'était peut-être la meilleure… le meilleur film pour moi parce que j'étais dans l'équipe d'Yzma. Et du coup, j'avais l'occasion aussi de travailler avec mon Lead à Los Angeles, qui était Kathy Bailey, qui est une légende chez Disney. C'est elle qui a mis en… En fait, qui a fait le clean-up de tous les personnages villains de Disney.

La Queenterview : Les méchants.

Sylvia Slut : Et moi, évidemment, je suis un dingue de Disney villains. Ce sont vraiment mes personnages préférés. Eh oui, madame, elle avait fait Ursula, Scar, Gaston, tous les villains, elle les a faits. Et moi, j'étais dans son équipe d'Yzma.

La Queenterview : Du coup, chez Disney, il y a des spécialistes « méchants ».

Sylvia Slut : Mais en fait, c’est… nous, on est comme des Acteurs. En fait, à un moment donné, on est considérés presque comme des Acteurs. Il vaut mieux caster un Acteur là où il va être à l'aise. Ça veut dire que tu as aussi des Animateurs qui sont très forts dans des scènes très intimistes. Tu as des Acteurs qui... Enfin, tu as des Dessinateurs d'Animation qui sont très forts dans les choses d'action. Et chacun est un peu casté selon ce qu'il a à offrir aux films.

La Queenterview : Donc, tu es un méchant et du coup, tu fais des rôles de méchant.

Sylvia Slut rit.

Sylvia Slut : Un drôle de méchant.

La Queenterview rit aux éclats.

Sylvia Slut : Non, mais les méchants sont quand même beaucoup plus drôles que les princesses. Who fucking cares ? Princesses are boring.

La Queenterview : On est d'accord.

Pour poursuivre cette interview, on a découvert que, lors de la première interview, il y avait mon Assistante Editoriale qui s'appelle Mia. Mia, elle est de retour et Mia, elle a encore plein de questions à poser.

Sylvia Slut rit.

La Queenterview : Bonjour Mia !

Mia : Bonjour, je m’appelle Mia. Moi, j’ai 4 ans tout court, et je vais passer chez les Moyens.

La Queenterview : Eh bah… félicitations, Mia, pour « passer chez les Moyens ».

Sylvia Slut rit.

La Queenterview : Est-ce que tu as une première question pour Sylvia ?

Mia : Pourquoi tu es Drag Queen ?

Sylvia Slut manifeste sa surprise par une onomatopée.

Sylvia Slut : Il n'y a pas une raison de pourquoi je suis Drag Queen. En fait, je crois qu'on est Drag Queen ou on ne l'est pas. Moi, la première fois que je me suis mis en Drag, là, on parle d'il y a à peu près 30 ans, hein… ou peut-être même plus !

La Queenterview : Une Drag « noir et blanc ».

Sylvia Slut rit aux éclats.

Sylvia Slut : « Être Drag Queen », je pense que c'est une attitude aussi. Il faut aimer déjà de se transformer. Et moi, ça me plaisait, en fait, d'être quelqu'un de complètement différent pour une nuit et surtout de jouer avec une sexualité, une sensualité féminine. Parce que c'est perturbant et que j'adore les choses qui perturbent. Et pour moi, c'est aussi un punk statement. Ça veut dire aussi que je suis un peu punk.

En fait, j'adore déranger un peu ou de ne pas mettre mal à l'aise, mais de parfois de faire réfléchir les gens. Et après, il y a tout le côté… le glamour, quoi. On aime le glamour. On est gay ou on n'est pas. Plus aussi parce que, pour moi, ça me change de mon quotidien où je suis assis devant un ordinateur à 8 heures par jour.

Je suis tellement... Je suis une machine créative. En fait, j'aime bien de créer des looks. Du coup, je prends parfois même plus de plaisir à créer un look que d'être en Drag. Ça m'amuse, en fait, de trouver la ceinture qui va avec et de créer la perruque, ou au moins tenter de créer la perruque. Et en fait, moi, pour le moment, je n’ai jamais fait appel à des stylistes ou à des perruquiers ou à qui que ce soit. Je préfère de bricoler dans mon coin et si ça foire… mais ça foire rarement.

La Queenterview : Et Mia, elle a encore une petite question pour toi.

Mia : Est-ce que c'est fatigant d’être Drag Queen ?

Sylvia Slut : Oh oui, darlingand it’s getting more and more tiring.

La Queenterview : C'est très, très fatigant.

Sylvia Slut : Très fatigant. Je trouve que… Franchement, moi, j'admire, en fait, toutes ces Queens, en fait, qui sont capables de se mettre 3 ou 4 fois par semaine en Drag. Moi, je ne peux plus. C'est impossible et je ne l’ai jamais fait d'ailleurs. Moi, j'étais toujours un peu dilettante. Je suis une Club Queen, en fait. Moi, je travaille souvent que le week-end, mais physiquement, la Drag est très, très, très fatigante. Il faut se dire… On est quand même en talons, corsetée, avec trois paires de collants, paddée, faux seins, des faux ongles, des lentilles, des cils, des perruques collées sur ta tête et un kilo de maquillage. On ne va pas dire que c'est le truc le plus confortable au monde.

Mais on souffre en silence et, en même temps, une fois que tu as trouvé ton personnage et tu vois l'effet que tu as sur les gens, justement en te mettant en Drag, ça devient…

La Queenterview : C'est une récompense ?

Sylvia Slut : Bah, c'est une drogue et en fait, tu perturbes un peu et en fait, tu interroges les gens et j'aime bien ça.

La Queenterview : D'ailleurs, donc, tu dis que le Drag, c'est fatigant ; et on a dit que ça faisait 30 ans que tu faisais du Drag, que tu étais né dans les années 70... et j'ai l'impression que Mia veut que ce soit beaucoup plus précis.

Mia : Tu as quel âge ?

Sylvia Slut : J'ai 54 ans, ma belle. Eh ouais.

Sylvia Slut rit.

La Queenterview : Des Drag Queens de 54 ans… Il y en a beaucoup, Sylvia ?

Sylvia Slut : No, it’s pathetic.

La Queenterview : C’est pathétique, vraiment ?

Sylvia Slut : Absolutely pathetic.

Sylvia Slut : 54 ans… mais, on le sent quand même ! J'avoue qu'il y a des moments, quand tu es en train de mettre tes collants et tu mets le corset, tout le bazar, tu dis « waouh ! », « c'est quand même devenu beaucoup, beaucoup plus fatigant que ça l’était quand j'avais 30 ans ».

La Queenterview : Mais parce que… alors que tu te prépares de la même façon ? C'est juste que c'est plus relou physiquement.

Sylvia Slut : Ouais, ouais. Je propose à des gens qui pensent que ce n’est pas si dur de l'essayer… et d'essayer de mixer 3 heures, debout en talons sur une place et de faire danser les gens pendant que tu sues.

La Queenterview rit.

Sylvia Slut : Nan, mais c’est vrai ! Et en même temps, c'est un tel plaisir parce que le fait que je suis en Drag quand je mixe, ça crée un effet. Ça crée un effet parce que moi en plus, c'est mes sons, c'est tout ce que j'aime et j'ai envie de partager ça. Et les gens, ils le sentent quand c'est vrai, quand c'est vraiment vrai. Bah, les gens, ils réagissent.

La Queenterview : Mia, elle a vu que, un, les gens réagissent, mais elle a vu que toi aussi, tu te donnais.

Mia : Sylvia, pourquoi tu danses et tu fais de la musique ?

La Queenterview : Pour ceux ou celles qui ne t'ont pas vu mixer, c'est hypnotique. C'est-à-dire que tu es là et que tout le long de ton set, tu es à la fois, oui, dans le morceau d'après, le morceau qui va suivre, mais tu es pleinement avec ta musique, tu es pleinement avec les gens. Ce que je t'ai dit en préparant cette émission, c'est que moi, je t'ai vu mixer, tu te dis « quand Sylvia mixe, je n’ai pas envie d'aller faire pipi parce que j'ai peur de louper un truc ».

Sylvia Slut rit aux éclats.

Sylvia Slut : Ce qui est une bonne chose.

La Queenterview : Bah, je pense, ouais.

Sylvia Slut : En fait, je suis une sorcière, en fait. Franchement, il y a des gens qui sont venus me voir et me disent « mais tu es une sorcière, je ne comprends pas », « je n’ai jamais dansé autant, mais regarde, mais je suis complètement trempé ». Je dis « welcome », « you're welcome ».

Non, mais le truc aussi, c'est que moi, je suis toujours très, très déçue quand je dois mixer à des endroits où je suis loin du public. J'aime bien limite d'être en face des gens, parce que c'est là où ça se passe. Et en fait, je vois des gens en face de moi, mais qui ne me connaissent pas, qui ne m’ont jamais entendu mixer dans les premiers 10 morceaux. Tu vois les yeux qui brillent, le sourire qui arrive. Ils sont tellement contents. Les filles se lâchent. Ils sentent que c'est vraiment un truc où on a juste envie de s'amuser. Enfin, mon slogan pour Sylvia Slut, c'est « dance or die » et c'est un peu ça… donc vaut mieux danser.

La Queenterview rit aux éclats.

La Queenterview : Tu danses ou tu meurs… donc, il vaut mieux danser !

Sylvia Slut rit.

Sylvia Slut : Ouais !

La Queenterview : Eh bien, merci beaucoup, Mia, pour toutes ces gentilles questions. À bientôt.

Mia : Gros bisous !

La Queenterview : Eh bah, gros bisous.

Mia : À la prochaine fois !

La Queenterview : À la prochaine fois, Mia.

Sylvia Slut : Trop mignon.

La Queenterview : Et merci à ses parents, Alice et Gilles, de lui avoir permis de se poser toutes ces questions.

Comment c'est arrivé la première fois que tu t'es mis en Drag ? Le tout début, l'origine du mal.

Sylvia Slut rit.

Sylvia Slut : La première fois que je me suis mis en Drag, c'est parce que je gérais une soirée aux Catacombes où j'habillais, je maquillais des Drag Queens pour un show, en fait, dans la boîte. Et on avait invité quatre Drag Queens incroyables, en fait, d'Amsterdam.

Et il y avait la légendaire Miss Nickie Nicole, qui était une légende. C'est une Drag black qui était magnifique, enfin, qui est toujours très belle. Mais Nickie Nicole, elle était la star, quoi. C'était… quand tu la voyais arriver, c'était genre le beau mec un peu thug avec la barbe, la casquette à l'envers et en baggy trousers qui montait dans les loges. Et il me disait « darling, give me an hour and I'll be ready ». Et elle se maquillait avec ses doigts, pou, pou, pou, pou

Sylvia Slut se tapote le visage avec les doigts.

Sylvia Slut : …comme ça. Quand elle sortait des loges, c'était Naomi fucking Campbell. En fait, c'était juste hallucinant. Et c'est là où, je crois, en fait… que je me suis dit « waouh ! », « le mec, il est beau, il dégage un truc et en femme, il est incroyable », « et c'est juste génial de pouvoir aller d'un extrême à l'autre ».

La Queenterview : C'était quand tu travaillais dans cette boîte, « Les Catacombes », où tu as eu tes premières rencontres avec des artistes Drag.

Sylvia Slut : Tout à fait. Et elle me regardait maquiller d'autres Drags. Elle se retourne, elle me dit « darling, mais pourquoi tu passes ton temps à maquiller des dindes ? ». Elle me dit « tu t'es vu ta façon de danser, ta façon de bouger, tout ça ? ». Elle me dit « try it ! ». Et je dis « why not ? », « en fait, on essaye ».

La Queenterview : Ça ne t'était jamais passé par l'esprit ?

Sylvia Slut : Je trouvais ça fascinant, mais je n'étais pas encore dans le moment où je me suis dit « ah, j'ai vraiment envie de faire ça ! ». C'était le début des années 90. Le Drag, c'était un peu un truc que tu voyais underground. Parfois on voyait des Drags dans les boîtes, mais pas tant que ça à l'époque. Et d'un coup, RuPaul est arrivée avec son « You Better Work », son single ; et le Drag était lancé.

La Queenterview diffuse un extrait de la chanson « Supermodel (You Better Work) » de RuPaul.

« You better work (cover girl!)

Work it, girl (give a twirl!) »

Sylvia Slut : Ah, bah, ça…

La Queenterview : Ça, c'est vrai, c'était…

Sylvia Slut : Classic, classic ! C'était 90's models et il y avait RuPaul… alors, vraiment une période incroyable !

La Queenterview : Ça, ça a marqué vraiment une époque. Parce que… On se dit que, nous, dans les années 2020, et cetera, RuPaul est une icône grâce à l'émission RuPaul’s Drag Race.

Sylvia Slut : Moi, je l’ai connue comme ça.

La Queenterview : Grâce à toutes les franchises et tout… mais déjà, il y a 30 ans, il a créé des vocations.

Sylvia Slut : Bah, oui ! La première fois que je voyais son clip sur MTV, encore, là on parle de MTV, j'étais juste fasciné. J'ai dit « mais, quelle présence ! » et le côté aussi « fait avec l'humour » et en même temps, c'est sexy. Et… bah, c'était fascinant.

Et… bon, bah, d'un coup, il y avait dans toutes les boîtes en Belgique et même à Paris, tout ça, les Drag Queens sont devenues un peu des personnages qu'il fallait avoir dans ta boîte, si tu voulais être vraiment sérieux, pris au sérieux.

À l'époque, les filles, ils faisaient du travail clubbing. Ils étaient bien payés à l'époque. Il y en avait qui travaillaient tous les soirs. À Paris, le Queen, il y avait les Tyra, et tout ça, qui étaient là. Ils étaient là. C'était, pour nous… c’étaient les icônes.

La Queenterview : Ça ne t'avait jamais vraiment traversé l'esprit avant ?

Sylvia Slut : Bah, en fait, je me suis dit « bon bah, autant essayer ». Déjà, j'étais danseur go-go en fait, dans des boîtes en Belgique et dans le nord de la France. J’ai dit « why not », « let’s try it out ».

De toute façon, je sais maquiller, parce que j'avais suivi des cours de maquillage de théâtre, déjà, quand j'étais à l'Académie. Je voulais juste le faire à un point où les gens disaient « waouh, ah ouais, quand même », « il ne rigole pas, quoi », tu vois, « il le fait sérieusement ». Du coup, j'avais acheté mes talons à New York, mes premières pleaser, white stripper heels, god shoot me.

La Queenterview et Sylvia Slut rient.

La Queenterview : Des talons hauts blancs de stripteaseuse.

Sylvia Slut : Exact.

La Queenterview : Non, je fais la traduction pour nos amis pas anglophones.

Sylvia Slut : Ouais, je suis désolé. En fait, j'interjecte un peu trop, mais je n'y peux rien. C'est ma deuxième langue… et sois content que je ne le dis pas en néerlandais !

La Queenterview : Exactement, parce que là, je ne pourrais pas faire la traduction.

Sylvia Slut : Non, je ne pense pas. Non, je ne pense pas.

Je l'ai fait. Et évidemment, j'avais fait mon petit maquillage nudes, 90’s, tu sais, le côté où tu pensais que ça marchait, en fait, d'avoir des lèvres, en fait, juste glossées. Et… bon, ce n’était pas moche moche, mais il y avait du potentiel, on va dire, et les gens, ils le voyaient très vite. Honnêtement, je pense qu'une bonne Drag, c'est quelqu'un qui a de la personnalité, qui dégage… elle a du charisme. Quand elle rentre dans une boîte, les gens se retournent, quoi, parce qu'il y a toute la présence qui est là. Et ça, je savais, je l'avais.

La Queenterview : Mais tu as senti que tu l'avais, ce petit grain, la première fois ?

Sylvia Slut : Ouais. J'étais direct très à l'aise dans mon personnage féminin, en fait. Je jouais avec. J'aimais bien, justement, de ne pas me changer forcément dans ma façon de marcher. Bah, de toute façon, quand on met des talons et un corset, on met une perruque, on bouge différemment. Mais je n’avais pas envie d'être, genre, vue comme genre, « enfin, le petit gay qui peut être féminin pour la soirée ». Non, ce n'était pas du tout ça. Sylvia Slut, c'est Jeroen, mais c'est amplifié, direction… plus côté fierce, côté Drag.

La Queenterview : Et donc cette première soirée se passe. Donc, bah…vu que 30 ans plus tard, tu fais encore ça, on peut dire que la soirée s'est quand même plutôt bien passée. Comment tu as trouvé ce nom de Sylvia Slut ? D'où ça vient ?

Sylvia Slut : Justement, j'avais tout foiré d'un coup, en fait, à une seule soirée. En fait, je me mets pour la première fois en Drag de ma vie. Et ce soir-là, dans les Catacombes, la boîte où je bossais, où j'étais en Drag, tu as la télé belge qui arrive avec une nana qui me fout un micro sous le nez, avec un mec qui me met une lampe dans la tronche. Et elle me dit « c'est quoi ton Drag Name ? ». Et là, je dis « putain, je n’ai même pas de Drag Name, attends ».

Et moi, j'avais une copine à l'école que j'adorais parce que pour moi… c'était une nana que je trouvais, physiquement, la plus belle femme au monde. Pour moi, c'était Vampirella. C'était Vampirella. Elle était roulée comme une pinup et elle avait ce visage très dangereuse… Vampirella ! Et je l'adorais. Elle s'appelait Sylvia. Et je savais aussi que Sylvia, à l'école, était un peu une nymphomane.

La Queenterview rit aux éclats.

Sylvia Slut : J’ai quand même vu pas mal de trucs en fait quand on partait en camping, en excursion, avec l'Académie… que c'était un peu une bonne pute, quoi.

La Queenterview : Ah, OK ! Elle avait la cuisse légère.

Sylvia Slut : Mais je l'adorais parce qu'elle était tellement féminine et en même temps, elle bouffait des mecs comme un mec. Je me suis dit « Sylvia » et « slut » ça va un peu avec. J’aime bien le « sssss… slut ». J'aime bien le mot « slut ». Moi, j'aime bien d'être une slut. J'aime bien. C’est provocateur, et en même temps, c'est genre… « je m'en fous, en fait, que tu penses que, voilà, je suis une salope parce que je suis une salope ».

Sylvia Slut rit.

La Queenterview : Eh, bah, voilà !

Sylvia Slut : Je ne suis jamais vulgaire. Je ne suis jamais lourd, mais elle provoque. Elle aime bien provoquer. Elle aime bien, voilà, le côté sensuel.

La Queenterview : Et donc cette Sylvia Slut, comment tu l'as construite ? Toi qui es Dessinateur, qui adore dessiner les villains, donc les méchantes dans les films. Est-ce que tu l'as composée un peu de la même façon ?

Sylvia Slut : Je n'ai jamais vraiment fait ça, mais… en se disant « voilà maintenant je vais faire des looks Disney villains ». C'est juste plus fort que moi parce que moi, quand je dessinais déjà les flyers pour les Catacombes, mes types de femmes que j'ai dessinées, c'était tous des bimbos féroces avec des longs ongles, avec le côté ténébreux et en même temps très sexuel. Voilà, c'est ce que j'aimais, quoi.

Et forcément quand on se maquille, on se crée son personnage. C'est ce genre de look que j'aime bien, quoi, que je trouve vraiment excitant, tu vois ? C'est presque cartoonesque en fait, dans le côté « féminine, mais un peu dangereuse ». C'est entre la beauté de quelque chose de féminin, mais aussi il y a tout le côté féroce, punk et un peu trash des films de John Waters. C'est le côté « I don't give a fuck », tu sais ? Je suis là et je suis bien dans ma peau. Et c'est beau. Je sais que c'est soigné. C'est beau. Ce n’est pas vulgaire. Et je t'intimide et j'adore ça.

La Queenterview : Ouais, Sylvia, elle aime un peu faire peur.

Sylvia Slut : Bah, écoute… quand je suis en Drag et je suis dans mon personnage et je me balade dans une salle, c'est vrai que les gens se partent. C'est la Mer Rouge pour Sylvia.

La Queenterview : Ils s’écartent !

Sylvia Slut : Ouais, ils se disent « elle est quand même grande », quoi, « et ces bras, là, je pense que si elle s'énerve, elle ne va pas être cool ». En plus, c'est ça qui est drôle : tu as des gens sont tellement intimidés ; parce que c’est vrai que je joue sur ce personnage-là. Mais quand les gens viennent me voir et discutent un peu avec moi, ils disent tous « oh là là, mais tu es tellement sympa, tu es cool, tu es drôle », « je pensais que tu étais une vraie bitch, tu étais vraiment mauvaise et tout ça ».

Non, en fait, c'est un peu le personnage aussi. Et en même temps, tu vois, je n’ai pas envie de toute la soirée d'expliquer à des nanas « ouais, ouais, tu peux te maquiller comme moi ». Fiche-moi la paix, en fait !

La Queenterview rit aux éclats.

La Queenterview : Ouais, Sylvia, elle n’est pas là pour se faire des copines, quoi.

Sylvia Slut : Ah non. Non, pas du tout. Non. Non. Non. Non. En fait, je suis très sélectif aussi. Je suis quand même un Dessinateur. Je regarde très vite les gens et je vois tout de suite dans le regard, la façon de dire les choses, de venir, de bouger, de m'approcher si on va cliquer ou pas… et si je sens que tu es une dinde qui veut faire son Insta, fuck off, quoi. I don't have the time.

La Queenterview : Elle n'a pas le temps, OK ? À bon entendeur : Sylvia n'a pas le temps.

Sylvia Slut : Les gens qui arrivent à m'aborder, et qu'ils ont un sens d'humour, et qu'ils sont pétillants, et qu'ils ont quelque chose de vrai, et qu'ils ne sont pas en train de se surjouer, oui, oui, bien sûr. Je rencontre plein de gens aussi où je dis « wow, cool quoi », « c’est cool que ça t'atteigne ».

Moi, je… Cookie, Cookie Kunty, je l’ai rencontrée. Elle me raconte toujours ça. C'est que j'étais sur la scène au YOYO, en train de faire du go-go pour une grosse soirée. Je ne sais plus, je crois que c'était un Club Sandwich ou I don’t know.

Et elle était là. Elle était en bas. Elle me regardait. Je la regardais. Je dis « wow, elle est super bien maquillée celle-là » et je descends dans la foule. Elle me dit « on aurait dit le requin qui arrivait ».

La Queenterview chantonne la bande originale du film « Les Dents de la Mer », composée par John Williams.

Sylvia Slut : C’étaient Les Dents de la Mer. Elle dit « je te vois arriver de loin avec tes yeux, là, dans la foule », « les gens qui s’écartent ». Je dis « mais tu es qui, toi ? ». Elle m’a dit « bah moi, je suis Cookie », « c'est la première fois que je me mets en Drag ». C'était la première fois qu’elle se mettait en Drag. Je dis « girl », je la regarde et je dis « continue », « this is drag », « ça, c’est Drag ».

La Queenterview : Ce qui est incroyable, c'est que Cookie Kunty, pour ceux qui ne la connaissent pas, c'est une Drag Queen qui a une trentaine d'années et qui a fait plein de choses à Paris, notamment des concours de Drag Queen et tout.

Sylvia Slut : Légende.

La Queenterview : C'est une légende. C'est une légende dans Paris qui participe en ce moment à la saison 2 de Drag Race France… donc c'est quand même très, très marrant.

Avant de te lancer dans le DJing et le mix, c'est assez récent, on va dire, dans la vie de Sylvia… mais avant, tu me disais…

Sylvia Slut : Je performais un peu à gauche, à droite. En fait, je me mettais toujours en Drag, mais pour le fun, pour sortir avec Nicky Doll, qui était encore un bébé. Et on mettait une pizza dans le four et on se maquillait ensemble. Et on était avec Poysen Irysh, qui est une Drag Queen incroyable aussi sur Paris. On était une petite bande, en fait, de copines. Il y avait Julien, l'Assistant de Nicky, qui était à l'époque… c'était Pippa Vegas…

La Queenterview et Sylvia Slut rient aux éclats.

Sylvia Slut : …et on sortait au Club Sandwich. On se maquillait ensemble et on faisait la fête. Et on bossait un peu à gauche, à droite. On faisait un peu du go-go, un peu « acte de présence », tout ça.

La Queenterview : Oui, reines de la nuit.

Sylvia Slut : Ouais. Et en fait, c'était très amusant au moment où c'était encore la Club Sandwich. Parce que bon, il faut quand même le dire…

La Queenterview : La Club Sandwich, c'est une grosse soirée parisienne, très, très, très mode…

Sylvia Slut : …qui était très mode, qui était très branchouille. Et le jour où ils ont arrêté à faire les soirées Club Sandwich, Karl… Nicky venait juste de partir aussi à San Francisco, s'installer à San Francisco encore. Et moi, j'étais là genre « en fait… », « mais il y a… », « déjà, il n'y a plus de soirée pour sortir où je vais vraiment m'amuser », « il n’y a pas Karl »

Sylvia Slut soupire.

Sylvia Slut :« je fais quoi avec mon Drag ? », « c’est fini », « ce n’est plus du tout amusant ». Je ne suis pas du tout le personnage qu'il faut mettre dans un circuit. Les circuit parties, c'est des grosses soirées gays où dans les premières 10 minutes, les mecs sont sous kétamine et qui sont en jockstrap et que tout le monde ne sait même plus qui est son nom. Bah… Je suis désolé, je suis un peu dur…

La Queenterview : Tu as le droit d’avoir ton avis, hein.

Sylvia Slut : …mais vraiment, j'étais tellement dégoûté. Moi, qui avais vécu les années New Wave, New Beat House, Asset House, Deck House, tout ça. Enfin, tout ça… Et en fait, d'avoir une musique qui est tellement monotone et qui ne marche que quand on est vraiment dopé à mort, je suis désolé, ce n'est pas mon truc.

Et du coup, j'ai râlé. J'ai râlé et je me rappelle toujours que Poysen, dans les loges, elle se retourne et me fait « bitch », elle dit, « tu vas arrêter de râler, là, c'est bon ! ». Elle me fait « oh, tu fais chier », elle me fait « c'est chiant ». Elle me dit « mais si tu ne t'amuses pas à cette soirée-là parce que la musique, elle ne te convient pas, mais deviens DJ, fais-le toi-même ». Et en fait, je me suis dit « mais en fait, elle a raison ». Et j'avais ça, ça trottait dans ma tête où je lui dis « je devrais essayer ». Mais j'avais peur, techniquement, de ne pas être à la hauteur et je ne le suis toujours pas, hein.

La Queenterview : Et comment ça s'est passé, justement, la première fois que tu as fait un DJ set ?

Sylvia Slut : Ah, la première fois !

La Queenterview : Bah oui, en Drag !

Sylvia Slut : Tu sais ce qui s'est arrivé, en fait, en vrai ?

J'avais supplié, non, « supplié »… j'avais demandé à Ghost qui faisait ses soirées « Tech Noire » au Club à Paris. Elle gère, en fait, des grosses soirées… « Tech Noire ». C’était un son New Wave, Dark Wave, Goth, Mod. C'est très underground. Et j'allais voir Ghost et « j'aimerais tellement de mixer, un soir, à ton Tech Noir ». Et elle m'a regardée, elle m'a dit « mais chérie, mais j'ai peur que tu vas jouer trop happy, trop house, trop gay ». Elle me dit « tu sais ce que c'est du New Wave ? ». Là, je la regardais, je fais « bitch », « j’étais née en fait », « en fait, tu n'étais pas encore née quand j'étais en train de danser dessus, sur le New Wave ». Elle me dit « bon, écoute, allez, je te laisse faire, amuse-toi ».

Et j'ai mixé pour une première fois. J'arrivais pour mixer 2 heures, tout au début de la soirée. Et en fait, 1 heure dans mon mix, elle vient me voir avec une salle pleine, avec des gens qui étaient tous en train de crier tellement ils étaient contents. Et Ghost elle venait me voir, elle me disait « Sylvia, Sylvia, est-ce que tu as plus de matos ? », « parce que les gens, ils ont envie que tu continues à mixer ». Je dis « écoute, t'inquiète, j'ai un mix de 7 jours, si tu veux ».

La Queenterview et Sylvia Slut rient aux éclats.

Sylvia Slut : Réellement, la première fois que j'ai mixé, j'ai mixé 6 heures.

La Queenterview : Incroyable.

Sylvia Slut : J'étais vidé de vidé, mais tellement content.

La Queenterview : Tu parlais tout à l'heure de Nicky Doll, donc de Karl. Comment tu l'as rencontré ?

Sylvia Slut : J'ai travaillé pour une soirée de mon copain, de mon mec, à Pigalle, en Drag. Je faisais un playback sur scène là-bas. C'était dans le Red.

Et je vois dans le public quelqu'un, en fait, juste devant moi, une jeune fille Drag. Je ne savais pas qui c'était… une blonde avec une énorme frange qui me regarde avec les yeux énormes, comme ça. Et je descends de la scène, elle me chope et elle me dit « j'adore ton Drag », « mais tu es ouf », « tu es une bête », et « j'adore ce que tu dégages », « c'est félin », « c'est agressif », « c'est beau », « j'ai envie de te connaître », « j'ai envie de faire plus de Drag aussi ». Et moi je n’avais pas compris, en fait, que c'était une Drag Queen, moi je pensais, au début, que c'était vraiment ou une trans, ou juste une jolie nana quoi.

Du coup, on s'est rencontrés. On s'est plus quittés. En fait, on est presque famille. Pour moi c'est une des seules personnes dans ma vie où j'ai vraiment une relation privilégiée et amicale qui va beaucoup plus loin dans… juste des amis. Pour moi, c'est mon petit frère. C'est ma petite sœur et ce qui était génial, aussi, c'est de voir toute son évolution… mais ça ne m'a pas du tout étonné, en fait.

Je crois que j'ai toujours un peu le nez de repérer des gens avec quelque chose de plus, et ça m'a toujours fasciné de voir avec quelle aisance Karl est parti, en fait, de rien. Enfin, j'ai un peu peur pour lui parce qu'il fait tellement de choses. Je me dis « mon Dieu », « pourvu que ça continue comme ça », « physiquement que c'est tenable », et tout ça. Moi, je ne pourrais pas. Ce serait impossible.

La Queenterview : Son évolution, son parcours, t’en penses quoi ? Déjà, parce que vous regardiez RuPaul’s Drag Race ensemble en coiffant vos perruques, en vous préparant pour partir en soirée.

Sylvia Slut : Mais oui ! Je coiffais sa perruque.

La Queenterview : Ah ouais. Ah ouais. Ah ouais. Nicky, elle ne coiffe pas ses perruques ?

Sylvia Slut : Ce qui est bien aussi, c'est que… c'est beau aussi parce que, à l'époque, Nicky se maquillait très légèrement, en fait. Elle était toujours prête… un quart d’heure, moi je n'avais même pas encore mon fond et elle était prête. Elle était là « bon alors, on prend un premier verre ? ». Et j'étais là « bitch », « je n'ai pas encore mon fond », « fiche-moi la paix ». Et elle me disait toujours « oh, j'aimerais bien de faire des trucs beaucoup plus Drags et plus dessinés comme tu le fais », « mais sur moi ça risque d'être complètement ridicule ». Et en fait, petit à petit, il a quand même commencé à expérimenter.

Je ne l'ai jamais non plus coaché. Ce n'est pas quelqu'un qui a besoin d'un coaching. C'est quelqu'un qui va trouver très vite ce qui marche pour lui et qui sait le faire, aussi. Et… mais je sais que ce qui est beau aussi, c'est que même maintenant encore, pour lui, c'est vraiment important aussi d'avoir mon point de vue sur ce qu'il est en train de faire, ses nouveaux looks. On discute toujours de pas mal de détails aussi, de tout le processus qu'il est en train de faire, autant sur ses clips, ses trucs.

Et je suis aussi, je pense, une des seules personnes qui va aussi vraiment dire que ça ne va pas, qu'il aime tellement… que moi je trouve que visuellement, ça ne fonctionne pas. Je vais quand même essayer de l'amener, tu vois. Après je ne suis pas là pour critiquer non-stop. C'est son Drag, ce que je veux dire, c'est son bébé. Et à un moment donné, il faut laisser les gens faire ce qu'ils ont envie de faire. Mais voilà, j'ai autant appris de lui que lui a appris de moi.

La Queenterview : Mais c'est beau ce lien que vous avez.

Sylvia Slut : Attends… ! Quand j’ai vu le… Non, mais franchement, quand j'ai vu le premier Drag Race show, quand je l'ai vue arriver au fond de la salle, habillée en Marilyn, en chantant le Toxic (Britney Spears) à sa façon, je me suis mis à chialer comme une Madeleine. Pour moi, c'était genre le moment où je me dis « she's a fucking star, baby », « she's a fucking star ».

La Queenterview : Plus que le fait d'animer Drag Race France, c'est vraiment là, d'avoir Drag Race France Live

Sylvia Slut : Ouais. Tu sais pourquoi ? Tu sais pourquoi je me suis dit ça ? Parce que là, j'ai vraiment vu la réaction des gens. C'était électrique. Tu voyais… Tu sentais une vague d'amour, d'admiration et des gens… Ils étaient stupéfaits par son aisance, la façon… elle a pris le micro, elle a commencé à parler, et je me suis dit « wow, she has it all ».

La Queenterview : Elle l'a, quoi. On arrive bientôt à la fin de l'émission. Avant de fermer les portes du pénitencier…

Sylvia Slut rit.

La Queenterview : …qu'est-ce que toi, tu pourrais conseiller à des personnes qui ont envie de se lancer dans le Drag, qui se disent « tiens, il y a quelque chose qui m'intéresse, qui me plaît », et tout ? Pour ne pas commettre des erreurs que tu as commises au début de ta vie Drag.

Sylvia Slut : Déjà, j'allais dire « mais ne le fais pas, il y en a déjà assez ».

La Queenterview rit aux éclats.

Sylvia Slut : Dans tous les coins de rue, on a des Drag Queens. Moi, j’arrive plus à suivre. En fait, maintenant, moi, je… tu sais, je suis à cet âge-là où je dis « I don't fucking care anymore ».

Sylvia Slut rit.

La Queenterview : Elle a lâché la rampe, Sylvia.

Sylvia Slut : Moi, je vois quand même toujours des pépites qui arrivent, des jeunes petites Drags où je suis « wouah, il y a du talent », « ouh là là là là », « she’s fierce ». J'en vois où je dis « wouah, bravo », hein. Mais donner un conseil… Ouais. Si un jour tu veux te mettre en Drag, déjà en premier, achète-toi des bonnes pompes, des pompes qui ne te font pas trop mal aux pieds, où tu es à l'aise dedans. Parce qu'il n'y a rien de pire… c'est d'être mal à l'aise dans son premier jour en Drag.

Ce n’est jamais confortable, hein, mais ce que je veux dire, il y a quand même des limites. Des jeunes Baby Drags qui partent avec des talons qui sont 2 tailles trop petite. Pour moi, c'est un no, no, parce qu'en fait, ça peut vraiment te dégoûter direct, en fait. Essaye de le faire d'une façon aussi propre, aussi beau possiblesoit en sorte que ton look, elle est propre, que ton mug, ton maquillage, elle est propre. Fais en sorte que ça reste quelque chose de plaisant et pas où tu te sens presque… où en rentrant chez toi où tu te dis « oh, mais quelle horreur », « ce n’est pas mon truc ».

La Queenterview : Ouais, ouais. En fait, aller chercher le plaisir de le faire, même si c'est la première fois, et même si tu…

Sylvia Slut : Et investis juste un tout petit peu d'argent, quand même, pour avoir un bon petit corset, une bonne paire de talons et une belle perruque. Au moins, tu vois, tu vas te sentir bien dans ton Drag. Et ça, quand une Drag se sent bien dans son Drag, bah ça se sent. C'est déjà beaucoup plus beau à voir que quelqu'un qui arrive en rampant.

Il y en a tellement qui me demandent « ah, j'aimerais bien que tu me maquilles un jour ». J'ai arrêté tout ça parce qu'en fait…

Sylvia Slut soupire.

Sylvie Slut : …« tu sais quoi, va sur YouTube ».

Sylvia Slut rit.

Sylvia Slut : Si tu veux être une Drag, tu te maquilles tout seul. C'est tout. Apprends ça, au moins. Tu vois, c'est quand même 80% du boulot, quoi, ton mug. Si tu veux vraiment faire du Drag, bah tu apprends. Tu apprends tout seul.

Et maintenant, ce qui est génial, c'est que quand tu vois le niveau de... Parfois, tu as des Drags, ils arrivent, ils ont 20 ans. Tu vois, le mug, le visage de près, le make-up de près, tu vois la précision dans la tenue, l'attitude, tout est là. Tu te dis « franchement, c'est quand même une génération »...

La Queenterview : Ça t'impressionne ?

Sylvia Slut : Bah oui. Bah oui, évidemment, parce que nous, on faisait avec ce qu'on trouvait. Avec mes vieilles perruques de nylon, de Château d’Eau. Tu les crêpais, c'étaient des trucs… tu pouvais les jeter. Non mais c'est vrai, maintenant, bon, bah, n'importe quelle jeune débutante qui a genre... Allez, si elle a 400 euros, elle peut s'acheter une très belle perruque, un corset, une paire de talons, si elle est un peu maligne.

Et je trouve aussi que maintenant, cette génération, ils sont incroyables, mais c'est génial, en fait. Enfin, on est sortis de ce côté... Je dis ça un peu dénigrant, mais ce côté « Banana Café », où genre, on raconte 5 blagues dégueulasses, et en fait, tout le monde rigole. Non, on est vraiment des artistes.

Et quand c'est fait avec du talent et avec un sens artistique, et que tu as une Drag, elle danse bien, elle bouge bien, elle sait ce qu'elle a... Elle sait ce qu'elle est en train de faire, là. Ah bah attends, bravo, hein. Moi, je l'ai vu... La première fois que j'ai vu Kitty Space, c'était à un Drag Market, il y a des années, hein.

Et là, j'ai dit « oh bah voilà, OK », « celle-là, elle a tout compris et elle va plus loin ». Et ça… ça, en fait, en tant que vieille Drag Queen, c'est quand même génial. Je dis toujours « vieille », mais en fait, c'est juste, tu vois, je suis... voilà, c’est ça.

La Queenterview : Oui ! Mais tu es… une Drag Queen âgée.

Sylvia Slut : Bah voilà, voilà… et c’est beau, aussi. C'est très beau aussi.

La Queenterview : Bah, évidemment.

Sylvia Slut : Moi, je trouve que ça montre aussi que c'est dans la tête, aussi.

La Queenterview : Clairement, et puis… et puis vaut mieux être une vieille Drag Queen de qualité qu'une jeune Drag Queen pas ouf.

Sylvia Slut : Oui, oui… qui fait trois posts après qu'elle oublie qu'elle a fait du Drag vite fait, parce qu'elle a trouvé le mec qui n’aime pas qu'elle fait du Drag. Classique.

La Queenterview : C’est vrai ? Ça arrive souvent ?

Sylvia Slut :  Ah oui ! Moi, c'était quand j'ai rencontré mon mec. Je me suis dit « merde, ça va passer ou pas ? ». Et quand je lui disais « écoute, un truc aussi, c'est que je fais du Drag à côté ». Il m'a dit « mais non, mais j'adore tant que c'est beau », « que c’est bien fait », « que c’est artistique »« et que je ne vis pas parmi les perruques et les strass », « tout me va ». Mais bon, enfin, je suis quand même marié avec le mec qui est plus sur scène que moi. C'est quelqu'un du théâtre.

La Queenterview : Il fait de la comédie musicale.

Sylvia Slut :  Bah, oui ! Bah oui.

La Queenterview : Eh ouais… mais voilà… mais bon, en même temps, on ne se refait pas, entre artistes.

Sylvia Slut : Non, ah bah non, mais c'est ça aussi. Je ne pourrais pas être avec quelqu'un qui n’est pas créatif. C'est pour moi… c'est voir quelqu'un qui est passionné et qui est créatif et qui a du talent. Ça, c'est l'aphrodisiaque. Et en fait, je suis content de voir que le Drag est devenu, limite, encore plus populaire que ça l'était dans les années 90.

La Queenterview rit.

La Queenterview : Est-ce que tu as des petits conseils, des petites recommandations ou même… soit d'un endroit, soit d'un lieu, soit d'une Drag, d'un Drag, de quelqu'un à suivre ?

Sylvia Slut : Déjà, suis-moi sur @thesylviaslut. Tu verras, je mixe 1 ou 2 fois par mois. Et en fait, les soirées où je mixe, souvent, c'est des soirées que moi, j'ai choisi parce que je les aime bien. Et du coup, je pense que tu ne vas pas être déçu.

La Queenterview : C'est une première recommandation intéressante… donc, on va voir Sylvia !

Sylvia Slut : Voilà ! Voilà ! Come and see me. Voilà ! Mets des chaussures vraiment où tu es à l'aise et un petit t-shirt parce que tu vas transpirer.

Sylvia Slut rit.

La Queenterview : On prévoit un petit ventilo, un petit éventail.

Sylvia Slut : On n’est pas là pour rigoler, là.

La Queenterview : Ah, on n’est pas là pour rigoler ! Voilà, vous avez compris. On n’est pas là pour rigoler.

Sylvia Slut : Et sinon, tous les jeunes Drags ou les Baby Drags et tout, enfin même tous les Drags, bref, devraient quand même au moins aller une fois au Drag Market qui est organisé par notre chère Ghost, Lenny Cartwright… parce que c'est vraiment génial, quoi, de se dire « putain, on a ça en France ». Un Drag Market… et qui se fait maintenant, un peu partout en France.

La Queenterview : Oui, donc le Drag Market pour ceux qui ne savent pas, celles et ceux qui ne savent pas, c'est un marché tout simplement… Drag. Donc, c'est-à-dire, il y a plein d'artisans Drag, c'est-à-dire qui vendent des vêtements, des perruques, des accessoires. Il y a aussi des performances de Drag Queens plutôt confirmées… enfin, confirmées…

Sylvia Slut : …et des Baby Drags !

La Queenterview : Et aussi des Baby Drags.

Sylvia Slut : Du nouveau talent qui arrive.

La Queenterview : Exactement, une sorte de scène ouverte.

Sylvia Slut : En plus, des DJ qui sont vraiment des DJ Drags. Il y a France Gaule, la Drag qui bosse avec… Enfin, DJ aussi qui est incroyable. En fait, nous, on mixe souvent ensemble. Eh oui, viens nous voir. Vous allez vous amuser.

La Queenterview : C’est un très très bon moment.

Sylvia Slut : Très beau concept.

La Queenterview : Très très bon moment… Bon, bah Sylvia, c'est le moment de se quitter.

Sylvia Slut : Bah, oui.

La Queenterview : Bah, merci beaucoup.

Sylvia Slut : Avec grand plaisir !

La Queenterview : Merci d'avoir été mon invitée. Et merci à tous d'avoir écouté ce nouvel épisode. En attendant le prochain, likez, abonnez-vous. Faites tout ce que le monde moderne a fait de vous. Et à bientôt pour une prochaine Queenterview.

La Queenterview lance son générique de fin.


Transcription : @coschaf

Pochette : @artugolini

Réalisation : Léa et Tintin

Générique : Ry'm

Questions : Mia

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